1.2.2.3. Pensée automatique négative (appréciation ou interprétation négative des pensées intrusives, ou schémas cognitifs)

Le schéma cognitif se traduit par des pensées automatiques négatives: elles apprécient négativement le contenu des pensées intrusives: « C’est immoral de penser ainsi ». Quand nous voyons le cercle vicieux chez les patients atteints de TOC entre la pensée intrusive, l’angoisse et la pensée neutralisante, apparaît l’interrogation de comprendre pour quelles raisons, les patients ont encore du mal à l’arrêter et continuent à se faire souffrir alors même qu’ils savent que la pensée neutralisante est un piège. En fait, selon la théorie de Beck, les émotions négatives sont toujours dominées par les pensées automatiques négatives dans les situations déterminées. On peut supposer que les émotions négatives chez les TOC sont aussi venues des pensées automatiques négatives sur les pensées intrusives. Selon Salkovskis (1985), la pensée intrusive ne pourrait devenir un stimulus interne et une source permanente de la perturbation émotionnelle et provoquer les pensées neutralisantes qu’à travers l’interaction entre les intrusions et les schémas cognitifs. C’est à dire que le schéma cognitif ou les pensées automatiques négatives ou les interprétations irrationnelles vis-à-vis des intrusions pourrait être la source des pensées intrusives, des émotions négatives et des pensées neutralisantes.

Le schéma cognitif se manifeste par des pensées automatiques négatives qui, chez les obsessionnels, représentent l’ensemble des appréciations négatives des pensées intrusives, que nous appelons aussi (Yao, 1995) interprétations irrationnelles des pensées intrusives. Les schémas cognitifs, présentant en fait une perturbation du traitement de l’information, sont inconscients, situés dans la mémoire à long terme, issus de l’éducation, et fonctionnent automatiquement (Cottraux, 1989). Cette sorte d’interprétation est toujours très désagréable, et souvent sous forme d’autocritique ou d’auto-jugement, comme exemple: « C’est grave ou c’est dangereux d’y penser », « C’est une honte de penser à ça », « Je risque d’être mal vu ou mal jugé par les autres si j’ai ces pensées. », etc. Puisqu’elles sont désagréables, elles entraîneront une angoisse importante.

Le modèle cognitif de TOC suggère que les interprétations irrationnelles vis-à-vis des pensées intrusives pourraient être des structures cognitives spécifiques dans les TOC (Salkovskis, 1985; Rachman, 1997; Cottraux, 1998). C’est à dire que les patients atteints de TOC pourraient interpréter leurs pensées intrusives avec des schémas cognitifs irrationnels, ce qui rend les pensées intrusives plus fréquentes, plus durables et plus difficiles à rejeter. Se maintiennent ainsi des angoisses et des rituels. Les études de Yao (1995) et Yao et coll. (1996, 1997b) ont pu mettre en évidence la relation entre les pensées intrusives et les interprétations irrationnelles. Plus les pensées intrusives sont fréquentes, plus les interprétations irrationnelles des pensées intrusives sont importantes aussi bien chez les sujets obsessionnels compulsifs que chez les sujets non-cliniques.

Les études sur le schéma cognitif irrationnel vis-à-vis des pensées intrusives ont été menées, en général, dans trois domaines: la responsabilité (Salkovskis, 1985), la culpabilité (Rachman, 1993, Shafran et coll., 1996a) et l’infériorité (Yao, 1995, Yao et coll., 1996).