B. Culpabilité:

Le terme de culpabilité a été défini de plusieurs façons, mais la plupart des définitions comprennent un sens de la violation des règles intérieures personnelles (Beck, 1976). Il y a donc un sentiment personnel de tension, de remords et de regret sur la « mauvaise chose faite » (Tangney, 1996). Selon la définition de Rachman (1993), la culpabilité dans le TOC peut être définie comme le sentiment d’être coupable lorsque le sujet estime ses pensées intrusives blâmables.

En clinique, beaucoup de patients de TOC se culpabilisent énormément vis-à-vis de leurs pensées intrusives et se contrôlent avec les rituels. Le contenu des pensées intrusives est considéré ou ressenti par les patients comme un tabou, un signe d’anormalité et/ou un fonctionnement immoral ou méchant. Ils se jugent sévèrement et se sentent alors très coupables de leurs pensées intrusives.

Pour Niler et Beck (1989), la culpabilité est le meilleur prédicteur des pensées intrusives parmi la dépression, l’anxiété et la culpabilité dans un échantillon de 76 sujets non-cliniques. Mais Reynolds et Salkovskis (1991) n’ont pas confirmé ce résultat dans un échantillon de 169 sujets non cliniques en utilisant la même méthode que celle de Niler et Beck sauf une mesure pour l’anxiété différente.

Shafran et coll. (1996a) ont utilisé le Questionnaire de Culpabilité (Guilt Inventory, GI; Kugler & Jones, 1992) pour étudier la culpabilité chez les sujets obsessionnels compulsifs et chez les sujets normaux et examiner les relations entre culpabilité, anxiété, dépression et obsession dans les populations obsessionnelles et normales. Ils ont trouvé que les sujets obsessionnels (n=30) rapportent un sentiment de culpabilité (l’état, le trait et le standard moral) significativement plus élevé par rapport aux sujets normaux (n=30); dans les deux groupes, la culpabilité (le trait) est le seul prédicteur significatif pour les phénomènes obsessionnels compulsifs, indépendant de l’anxiété et de la dépression. Mais dans le groupe de TOC, le trait de la culpabilité est uniquement et significativement corrélé avec les rituels de vérification mais pas avec les autres rituels. De même, il n’existe pas de corrélations significatives entre l’état et le standard moral de la culpabilité et la pathologie obsessionnelle-compulsive.

Les études de Yao (1995) et de Yao et coll. (1996) ont également constaté le lien entre la culpabilité vis-à-vis des pensées intrusives et les symptômes de TOC, mais le résultat montre que la culpabilité est aussi corrélée à l’anxiété chez les patients de TOC. En fait, il est intéressant de noter que pour Yao et coll. (1999), la culpabilité était le seul prédicteur pour les pensées intrusives à thème de perte (d’objet, de santé et de quelqu’un) chez les TOC.