1.2.3.3. Distorsions cognitives

Le passage des schémas (structures profondes) vers les pensées automatiques (structures superficielles) se fait par l'intermédiaire des processus cognitifs erronés. Ce genre de dysfonctionnements est une perturbation profonde et stable des mécanismes de la pensée logique. Plusieurs types d'erreurs logiques, ou distorsions cognitives, ont été décrites (Beck et coll., 1985; Cottraux, 1995) dont par exemple: l'inférence arbitraire, l'abstraction sélective, la surgénéralisation, la maximalisation ou la minimisation et la personnalisation. Elles forment un filtre mental qui ne retient de l'expérience que les aspects négatifs qui vont dans le sens du schéma de danger.

Nous essayons de lister les principales distorsions cognitives comme suivant:

Nous essayons de résumer ce modèle avec le schéma suivant:

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Schéma : Modèle cognitif de la phobie sociale

A travers ce modèle cognitif, on peut comprendre que le noyau central de la phobie sociale est, comme dans le TOC, la perturbation du traitement de l’information, le schéma cognitif de danger, traduit par les distorsions cognitives. Les réactions émotionnelles telles que l’angoisse, la colère, la peur ou la dépression et les réactions comportementales telles que l’évitement résultent de cette interprétation subjective inexacte des événements.

Si on analyse ici les contenus des pensées automatiques négatives, des distorsions cognitives, ou du schéma de danger de la phobie sociale, on peut comprendre facilement qu’ils se centrent sur la peur d’échec, de rejet social ou de sans valeur, ce qui, pour nous, représente bien un sentiment d’infériorité. Les phobiques sociaux ont toujours peur d’être moins bien, moins capable, d’avoir moins de valeur que les autres, ou d’être moins appréciés par les autres. En d’autres termes, il existe bien, chez les patients souffrant de phobie sociale, un sentiment d’infériorité qui engendrerait des pensées automatiques négatives, de l’angoisse, de la colère et de l’évitement, etc..

Les travaux publiés ont montré que les phobiques sociaux ont plus d’auto-évaluations négatives des situations sociales et plus d’estimations négatives de leur performance sociale que les sujets non-cliniques (Cacioppo, Glass & Merluzzi, 1979; Glass, Merluzzi, Biever & Larsen, 1982; Turner et coll., 1986; Lucock & Salkovskis, 1988; Rapee & Lim, 1992; Stopa & Clark 1993; Yao et coll., 1998a, 1998b, 1998c). En plus, les phobiques sociaux ont moins de cognitions positives et sous-estiment la probabilité des événements positifs sociaux par rapport aux contrôles (Turner et al, 1986; Lucock & Salkovskis, 1988; Yao et coll., 1998a, 1998b). En fait, il existe une interprétation négative des situations sociales et un jugement négatif sur soi-même qui prouve, chez les phobiques sociaux, un sentiment d’infériorité.

On peut donc se poser la question de savoir si ce sentiment d’infériorité dans la phobie sociale serait semblable à celui trouvé dans le TOC. Et, si c’était le cas, pour quoi sur la même base pourraient apparaître deux pathologies différentes? Nous essayerons de répondre plus tard à cette question.