3.4. Les influences des autres facteurs sur le sentiment d’Infériorité et sur les pensées intrusives et leurs Interprétations

3.4.1. Le sentiment d’Infériorité et d’autres facteurs

Nous avons calculé les corrélations entre l’EDI et le poids, la taille, la durée de la maladie et l’évaluation globale du fonctionnement (EGF) dans le DSM-IV comme variables continues avec le ‘r’ de Bravais Pearson chez les deux groupes de patients (voir le tableau 41).

Tableau 41. Corrélations ( r ) entre l’EDI et d’autres facteurs
poids (kg) taille (cm) durée de maladie EGF
EDI-T 0,011 0,119 0,172 - 0,156
p 0,93 0,35 0,18 0,22

Les résultats montrent que l’Echelle d’Infériorité n’est pas corrélée avec ces variables. C’est à dire que le sentiment d’infériorité n’est pas lié au poids, à la taille, à la durée de la maladie ou au fonctionnement global du sujet.

Pour analyser des influences éventuelles d’autres variables discontinues, comme le niveau d’étude, le statut marital, etc., sur le sentiment d’infériorité, nous avons utilisé l’ANOVA avec un facteur pour l’ensemble des patients. Les résultats sont présentés dans le tableau 42.

Tableau 42. L’EDI et des différents facteurs: Scores moyens et Déviation Standard (SD)
Nombre EDI
(Score Moyen)
SD ANOVA
Niveau d’étude
Bac-
Bac
Bac+

24
12
48

103,38
103,33
103,71

37,05
26,08
28,56

F (2,81) = 0,059,
p = 0,94
Statut marital
Célibataire
Marié
Divorcé

35
46
3

107,23
102,46
109,67

26,89
31,42
63,13

F (2,81) = 0,278,
p = 0,76
Profession
travail
sans activité

42
42

104,86
104,55

32,88
28,45
F (1,82) = 0,002,
p = 0,96
Dépression associée
oui
non

15
69

114,13
102,65

25,92
31,27
F (1,82) = 1,755,
p = 0,189
Médicaments actuels
oui
non

37
46

108,24
102,52

29,63
31,37
F (1,82) = 0,717,
p = 0,4
Trouble personnalité
groupe A
groupe B
groupe C
Absent

3
4
53
24

118,67
119,25
109,87
89,13

6,66
35,86
29,36
29,54


/

L’ANOVA avec un facteur montre qu’il n’existe pas de différence sur l’Echelle d’Infériorité entre les sujets de différents niveaux d’étude (Bac-, =Bac et Bac+) (F (2,81) = 0,059, p = 0,94), entre les sujets mariés, divorcés et célibataires (F (2,81) = 0,278, p = 0,75), entre les sujets avec et sans activités professionnelles (F (1,82) = 0,002, p = 0,96), entre les sujets présentant une dépression associée et non (F (1,82) = 1,755, p = 0,189) et entre les sujets sous médicaments et sans médicaments (F (1,82) = 0,717, p = 0,4) (voir tableau 42 et graphiques 8, 9, 10, 11, 12).

message URL GRA008.gif
Graphique 8: Le niveau d’étude et l’EDI
message URL GRA009.gif
Graphique 9: Le statut marital et l’EDI
message URL GRA010.gif
Graphique 10: La profession et l’EDI
message URL GRA011.gif
Graphique 11: La dépression associée et l’EDI
message URL GRA012.gif
Graphique 12: Les médicaments actuels et l’EDI

Pour contrôler l’influence de la différence entre le groupe de TOC et le groupe de phobie sociale quant aux niveaux d’études, nous avons aussi effectué un calcul de l’ANOVA avec deux facteurs (groupe niveau d’étude). Le résultat confirme que sur le score total de l’Echelle d’Infériorité, il n’existe ni effet groupe (F (1,78) = 0,05, p = 0,82), ni effet étude (F (2,78) = 0,077, p = 0,93), ni effet interaction entre groupe et étude (F(2,78) = 0,319, p = 0,73). En ce qui concerne le statut marital, vu qu’il n’y a pas de sujets divorcés dans le groupe de phobie sociale, nous avons du regrouper les sujets célibataires et divorcés dans une catégorie pour effectuer l’ANOVA avec deux facteurs (groupe statut marital). Le résultat confirme également que sur le score total de l’Echelle d’Infériorité, il n’existe pas d’effet groupe (F (1,80) = 0,53, p = 0,46), d’effet statut marital (F (2,78) = 0,35, p = 0,55), d’effet interaction entre groupe et statut marital (F(2,78) = 0,172, p = 0,68).

Par contre, étant donné que les sujets présentant les troubles de la personnalité du groupe A et du groupe B sont très peu nombreux, nous avons du effectuer le calcul de l’ANOVA en regroupant tous les sujets présentant des troubles de personnalité dans un groupe et en le comparant avec les patients qui ne présentent pas de troubles de personnalité et les sujets dans le groupe contrôle. Le tableau 43 et le graphique 13 montrent le résultat.

Tableau 43: Les troubles de la personnalité et l’EDI
Nombre EDI (Score Moyen) SD ANOVA
Patients avec Troubles de personnalité (axe I + axe II) 60 110,93 28,9 F (2,129) = 68,01,
p <,0001
Patients sans Troubles de personnalité (axe I) 24 89,13 29,54
Sujets non-cliniques 48 55,35 13,78
message URL GRA013.gif
Graphique 13: Les troubles de la personnalité et l’EDI

L’ANOVA montre qu’il existe une différence significative sur le score total de l’Echelle d’Infériorité entre les patients présentant des troubles de personnalité associés, les patients sans troubles de personnalité associés et les sujets non-cliniques (F (2,129) = 68,01, p < 0,0001). C’est à dire que les patients avec des troubles de personnalité associés rapportent le score de l’Echelle d’Infériorité significativement plus élevé que les patients sans troubles de personnalité (p = 0,0004) et que ces deux groupes de patients ont le score de l’Echelle d’Infériorité significativement plus élevé que le groupe contrôle (p < 0,0001).

En résumé, le sentiment d’infériorité n’a pas de relation avec le poids, la taille, la durée de la maladie ou le fonctionnement global du sujet. En plus, le niveau d’étude, le statut marital, la profession, la dépression associée et les médicaments actuellement pris ne changent pas le score de l’Echelle d’Infériorité. Par contre, les sujets présentant des troubles de personnalité associés ont le score de l’Echelle d’Infériorité plus élevé que les sujets sans troubles de personnalité.

Nous allons maintenant examiner des influences éventuelles de ces variables sur les pensées intrusives et sur leurs interprétations.