3.4.2. Les pensées intrusives, leurs interprétations et d’autres facteurs

Nous avons également calculé les corrélations entre les deux scores principaux du QPII-r et le poids, la taille, la durée de la maladie et l’évaluation globale du fonctionnement (EGF) dans le DSM-IV comme variables continues avec le ‘r’ de Bravais Pearson chez les deux groupes de patients. Le tableau 44 résume les résultats.

Tableau 44. Corrélations ( r ) entre le QPII-r et d’autres facteurs
poids (kg) taille (cm) durée de maladie EGF
PI-T -0,117 -0,04 -0,04 - 0,555
p 0,36 0,75 0,75 < 0,0001
Int-T -0,089 -0,018 0,033 -0,509
p 0,48 0,89 0,8 < 0,0001
PI-T = score total des pensées intrusives; Int-T = score total d’Interprétations sur les pensées intrusives; EGF = l’Evaluation Globale du Fonctionnement dans le DSM-IV.

Les résultats montrent que le score total des pensées intrusives du QPII-r (PI-T) et le score total des interprétations du QPII-r (Int-T) ne sont pas corrélés avec le poids, la taille, ou la durée de la maladie. Mais tous deux sont corrélés négativement de façon significative avec le score de l’Evaluation Globale du Fonctionnement (EGF) (PI-T/EGF: p< 0,0001, Int-T /EGF: p< 0,0001).

Pour analyser si les pensées intrusives et leurs interprétations sont influencées ou pas par d’autres facteurs (variables discontinues), comme le niveau d’étude, le statut marital, etc., nous avons également utilisé l’ANOVA avec un ou deux facteurs dans l’échantillon de patients. Les résultats sont présentés dans le tableau 45.

Tableau 45. Le QPII-r et des différents facteurs: Scores moyens et Déviation Standard
Nombre PI-T Int-T
Niveau d’étude
Bac-
Bac
Bac+

24
12
48

22,0 (10,5)
22,75 (8,4)
18,08 (7,7)

ANOVA
NS

28,88 (19,3)
37,58 (19,4)
21,79 (17,2)

ANOVA
NS
Statut marital
Célibataire
Marié
Divorcé

35
46
3

18,17 (8,5)
21,20 (8,6)
19,33(15,3)

NS

23,29 (17,1)
28,26 (19,2)
25,0 (34,1)

NS
Profession
travail
sans activité

42
42

18,17 (7,0)
21,57(10,1)

NS

23,52 (17,8)
28,62 (19,6)

NS
Dépression associée
oui
non

15
69

24,8 (7,97)
18,8 (8,68)
F (1,80) = 6,447,
p = 0,013

38,73 (22,3)
23,32 (16,9)
F (1,80) = 8,266,
p = 0,005
Médicaments actuels
oui
non

37
46

22,11 (8,8)
18,24 (8,6)

NS

30,6 (17,6)
22,48 (19,3)

NS
Tr. personnalité
groupe A
groupe B
groupe C
Absent

3
4
53
24

31,0 (6,2)
18,75(11,6)
21,06 (9,0)
16,04 (6,6)


/

51,67 (9,45)
21,0 (11,6)
26,85 (19,6)
22,0 (16,5)


/

D’abord, sur le niveau d’étude, l’ANOVA avec deux facteurs (groupe niveau d’étude) montre qu’en dehors de l’effet groupe, il n’y a pas d’effet du niveau d’étude, d’interaction entre le groupe et le niveau d’étude. C’est à dire qu’entre les sujets de différents niveaux d’étude (Bac-, =Bac et Bac+), il n’y a pas de différence significative sur le score total des pensées intrusives (PI-T) (F (2,78) = 0,238, p = 0,79), sur le score total des interprétations du QPII-r (Int/PI-T) (F (2,78) = 1,755, p = 0,18) (voir tableau 46 et graphique 14).

Tableau 46. ANOVA avec deux facteurs (groupe niveau d’étude):
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message URL GRA014.gif
Graphique 14. Le niveau d’étude et le QPII-r

Ensuite, en ce qui concerne le statut marital, l’ANOVA avec un facteur montre qu’il n’y a pas de différence entre les sujets mariés, divorcés et célibataires ni sur les pensées intrusives (PI-T: F (2,81) = 1,18, p = 0,31), ni sur les interprétations (Int-T: F (2,81) = 0,696, p = 0,5). (voir graphique 15).

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Graphique 15. Le statut marital et le QPII-r

Et, au sujet de la profession, l’ANOVA avec deux facteur (groupe activité) ne montre pas non plus de différence entre les sujets avec activités et les sujets sans activités professionnelles ni sur les pensées intrusives (PI-T: F (1,80) = 1,6, p = 0,21), ni sur les interprétations (Int-T: F (1,80) = 0,6, p = 0,44) (voir graphique 16).

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Graphique 16. La profession et le QPII-r

Ensuite, entre les sujets avec médicaments et sans médicaments, l’ANOVA à deux facteurs (groupe médicament) montre qu’en dehors d’un effet de groupe (p < 0,0001), il n’y a pas d’effet de médicament, ni d’effet d’interaction entre groupe et médicament sur les deux scores du QPII-r. C’est à dire qu’entre les sujets avec médicaments et sans médicaments, il n’y a pas de différence significative sur le score total des pensées intrusives (PI-T) (F (1,79) = 1,507 , p = 0,22), ni sur le score total des interprétations du QPII-r (Int-T) (F (1,79) = 0,985, p = 0,324). (voir tableau 47 et graphique 17).

Tableau 47. ANOVA avec deux facteurs (groupe médicament):
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message URL GRA017.gif
Graphique 17. Les médicaments actuels et le QPII-r

Puis, en ce qui concerne la dépression associée, l’ANOVA avec deux facteurs (groupe dépression) montre qu’en plus d’un effet de groupe, il existe aussi un effet de dépression sur les deux scores du QPII-r (PI-T: F(1,80) = 6,447, p = 0,013; Int-T: F(1,80) = 8,266, p = 0,005), mais on ne note pas d’effet d’interaction entre groupe et dépression. C’est à dire que les sujets avec dépression associée ont le score des pensées intrusives et le score des interprétations significativement plus élevés que les sujets non associés à la dépression (voir tableau 48 et graphique 18).

Tableau 48. ANOVA avec deux facteurs (groupe dépression):
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message URL GRA018.gif
Graphique 18. La dépression associée et le QPII-r

Enfin, au niveau des troubles de personnalité associés, étant donné que les sujets présentant les troubles de la personnalité du groupe A et du groupe B sont très peu nombreux, nous avons du effectuer le calcul en regroupant tous les sujets présentant des troubles de personnalité dans un groupe et en le comparant avec les sujets qui ne présentent pas de troubles de personnalité. L’ANOVA avec deux facteurs (groupe trouble de personnalité) montre qu’en dehors de l’effet groupe, il existe aussi un effet « trouble de personnalité » sur les deux scores du QPII-r (PI-T: F(1,80) = 11,483, p = 0,001; Int-T: F(1,80) = 5,149, p = 0,026) et qu’il n’y a pas d’interaction entre groupe et trouble de personnalité. C’est à dire que le score total des pensées intrusives (PI-T) et le score total des interprétations (Int-T) sont significativement plus élevés chez les sujets présentant des troubles de personnalité que chez les sujets sans troubles de personnalité (voir tableau 49 et graphique 19).

Tableau 49. Les troubles de la personnalité et le QPII-r
Nombre PI-T
(Score Moyen et SD)
Int-T
(Score Moyen et SD)
Trouble personnalité
présent
Absent

60
24

21,4 (9,18)
16,04 (6,6)

27,7 (19,54)
22,0 (16,5)
ANOVA F(1,80) = 11,483,
p = 0,001
F(1,80) = 5,149,
p = 0,026
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Graphique 19. Les troubles de la personnalité et le QPII-r

Pour résumer les influences des autres facteurs sur les pensées intrusives et leurs interprétations, les résultats statistiques montrent que ces deux dernières variables n’ont pas de corrélations avec le poids, la taille ou la durée de la maladie, mais une corrélation significative avec le fonctionnement global du sujet (GAF du DSM-IV). Il n’existe pas de différences sur les pensées intrusives et sur les interprétations entre les sujets de différents niveaux d’étude (Bac-, =Bac et Bac+), entre les sujets mariés, divorcés et célibataires, entre les sujets avec et sans activités professionnelles, et entre les sujets sous médicaments et sans médicaments. Par contre, les sujets avec la dépression associée ou les sujets présentant des troubles de personnalité associés ont le score de pensées intrusives et le score d’interprétations du QPII-r plus élevés que les sujets sans dépression ou les sujets sans troubles de personnalité.

Dans le chapitre suivant, nous allons essayer d’interpréter les résultats obtenus que nous venons de présenter et d’en discuter.