4.2. Les pensées intrusives et leurs interprétations

4.2.1. L’expérience ou l’existence des pensées intrusives et de leurs interprétations

Les pensées intrusives existent aussi bien chez les sujets obsessionnels-compulsifs que chez les sujets phobiques sociaux ou que chez les sujets non-cliniques, peu importe le contenu. Quatre-vingt-seize pour-cent des sujets non-cliniques, 100% des sujets phobiques sociaux et 100% des sujets obsessionnels-compulsifs rapportent une expérience de pensées intrusives. Ces résultats sont identiques à ceux existant dans les travaux de la littérature (Rachman et De Silva, 1978; Salkovskis et Harrison, 1984; Niler et Beck, 1989; Purdon et Clark, 1993; Freeston et coll., 1991; Wells et Morrison 1994; Yao et coll., 1996; Bouvard et Cottraux, 1997; Yao et al, 1999).

Nous avons aussi trouvé que les interprétations irrationnelles des pensées intrusives existent aussi bien chez les patients atteints de TOC que chez les patients atteints de phobie sociale ou que chez les sujets non-cliniques. Nos résultats révèlent que 60% des sujets non-cliniques reconnaissent les interprétations irrationnelles, bien qu’elles soient très faibles, et que 92% des sujets phobiques sociaux et 100% des sujets obsessionnels-compulsifs accordent leurs opinions de un peu à total sur les interprétations irrationnelles des pensées intrusives. Le fait que les sujets non-cliniques et les sujets phobiques sociaux rapportent aussi de faibles interprétations irrationnelles nous suggère que les interprétations irrationnelles des pensées intrusives ne seraient pas forcément anormales et pas forcément pathologiques dans la mesure où elles n’atteignent pas un niveau élevé. Cela, comme les pensées intrusives, confirme l’hypothèse générale de modèle cognitif de TOC, qui insiste sur la continuité entre les phénomènes obsessionnels normaux et anormaux (Salkovskis, 1985, Rachman, 1993 et Cottraux, 1987).