2.1.3 - L'épargne intérieure.

Dans un environnement administré, comme ce fût le cas un peu partout dans les pays en voie de développement avant les programmes d'ajustement structurel, l'afflux de l'épargne étrangère a pour effet un relâchement de la discipline monétaire. Cela est d'autant plus vrai que le coût de mobilisation des ressources extérieures est bas comme ce fût le cas durant la décennie soixante-dix. Devant l'aisance financière que crée un endettement facile, l'épargne intérieure est évincée19. En effet, devant un afflux important de capitaux étrangers, les conditions d'offre et de demande de monnaie exercent une pression à la baisse des taux d'intérêt dont le résultat sera une réduction de la propension à épargner.20

Les chiffres publiés par la Banque Mondiale semblent aller dans le sens de ce qui précède21. Pour un échantillon de 44 pays et sur une période allant de 1965 à 1978, les conditions d'épargne et d'investissement se sont modifiées comme suit :

Selon le même rapport, le ratio crédit extérieur/crédit total a évolué dans 24 pays dans le sens d'une hausse indiquant une hausse de l'endettement. Pour l'ensemble du groupe, le ratio est passé de 47 % en 1972 à 54 % en 1979 et à 56 % en 1982.

On ne peut conclure au vu de ces chiffres que l'épargne intérieure a diminué dans les pays concernés. Sa substitution relative par l'épargne étrangère apparaît, cependant, nettement. Le niveau des taux d'intérêt, l'étroitesse, voire l'inexistence des marchés financiers et la facilité de mobilisation de l'emprunt extérieur sont autant de raisons à cela.

Notes
19.

J.C BERTHELEMY , :L'endettement du Tiers-Monde, PUF 1990 , p. 152.

20.

Idem, p. 154.

21.

Banque Mondiale : Rapport sur le développement dans le monde, 1985, p.72.