2.2.1 - Le taux de change réel et le déficit extérieur.

Dans les pays en voie de développement, les taux de change sont administrés. Une telle politique consiste à soustraire les prix intérieurs à l'influence des prix internationaux. Il n'y aurait donc aucun moyen de profiter des avantages comparatifs qui résulteraient d'un ajustement des premiers sur les seconds qui, rappelons-le, sont censés être des signaux de spécialisation. La première conséquence en est une politique de substitution d'importation soutenue par des mesures protectionnistes dont découle un coût de distorsion qui serait égal à la différence entre le coût réellement subi et celui qui aurait dû être si le marché était concurrentiel²². La seconde conséquence est un déficit extérieur qui est lié à une absorption structurellement excédentaire par rapport à l'offre. En faisant l'hypothèse que la demande de biens et services non échangeables rencontre une offre domestique, on déduit que l'excédent de l'absorption est égal à celui de la demande intérieure des biens et services échangeables²³.

Les mesures budgétaires et monétaires, dites traditionnelles, permettent d'obtenir une réduction de l'absorption. L'inconvénient de telles mesures est la baisse de la demande des biens et services non échangeables et, par conséquent, la mise au chômage d'une certaine quantité de facteurs de production. La dévaluation de la monnaie nationale présente l'avantage, en modifiant les prix relatifs entre échangeables et non échangeables, de réorienter cet excédent de facteurs de production vers les exportables et les importables dont la hausse de l'offre aura pour effet de réduire progressivement le déficit extérieur²⁴. Pour que la dévaluation soit réelle et qu'elle rétablisse la compétitivité de l'économie, il faut que le taux de change réel traduise le rapport entre les prix des échangeables qui suivent les prix internationaux et ceux des non échangeables qui dépendent des conditions du marché domestique²⁵.