3.2.2 - La taxe d'inflation.

Dans les pays en voie de développement, il existe une forte relation entre les systèmes budgétaire et monétaire du fait que la Banque Centrale se trouve sous la dépendance directe du gouvernement 43 ; ce qui permet à ce dernier de financer une partie de son déficit par des avances de la Banque Centrale. Le financement monétaire engendre l'inflation qui provoque, à la manière d'un impôt, une érosion du pouvoir d'achat des encaisses monétaires réelles. Cette érosion profite en fait à l’Etat qui réduit en termes réels sa dette. Tout comme l'impôt, la taxe d’inflation donne un rendement. Il est égal au produit de l'inflation et de la masse des avoirs liquides réels44 Le prélèvement dépend directement de la masse des avoirs liquides réels qui dépend, elle-même, des taux d'inflation. Plus celui-ci s'élève plus cette dernière se contracte car le coût de sa détention s'élève.

Quand le déficit public est important et que le prélèvement sur les avoirs monétaires liquides a atteint ses limites, l'Etat a recours à ce qu'on appelle la répression financière. Le prélèvement est étendu aux actifs financiers.

La répression financière a pour but d'augmenter le prélèvement en usant d'une réglementation qui consiste à 45 :

Le prélèvement inflationniste dont l’incidence est un allégement de la dette publique se présente comme une alternative à la hausse de la pression fiscale47. En plus de la ponction qu'il opère sur la consommation et l'investissement privés, le financement inflationniste présente les écueils suivants :

Au terme de cette section, il apparaît que le transfert ne peut être réalisé, sauf allégement, que par une renonciation de pouvoir d'achat au profit de l'étranger. Les ajustements internes et externes qui sont nécessaires pour l'effectuer contraignent la croissance économique à moins de considérer que le débiteur est parvenu au terme d'un cycle d'endettement théorique qui lui permette de réaliser le transfert grâce à une excès d'épargne sur ses besoins d'investissement qui a la forme d'un surplus exportable. Dans la réalité, les excédents de la balance commerciale ont été obtenus grâce à une compression des importations incompatible avec le niveau de l'emploi. La faible élasticité de l'offre de substitution aux importations se traduit par une mise au chômage partielle de l'appareil de production. Le transfert accroît la contrainte sur l'offre et rétrécit donc la base sur laquelle il doit être prélevé. L’allégement du poids du service de la dette par le recours à la technique des rééchelonnements répétitifs, dès le lendemain de la crise de 1982, est la preuve que les pays en voie de développement, pris globalement, n'étaient pas en mesure de supporter le poids du transfert.

Notes
43.

REISEN.H et TROTSENBURG. A.V, op. cité, p.45

44.

idem, p.47

45.

Idem, pp. 51, 52 et 53.

46.

REISEN H. et TROTSENBURG A.V, op. cité, p. 55.

47.

REISEN H. et TROTSENBURG A.V, op. cité, p. 47.

48.

On pourra trouver un exposé très pédagogique du théorème des élasticités critiques dans

G. MARCY : "Economie internationale", PUF, 3ème édition, 1976, p. 365 et suivantes.