1.2.2 - La régulation monopoliste.

La grande dépression de 1882 à 1896 génère de nouvelles formes de régulation61. En effet, cette période voit l'émergence des grandes unités industrielles qui tout en étant le produit de la concurrence rendent caduques ses propres principes. La régulation est assurée par les capacités que développent ces grandes entreprises tant sur les plans interne qu'externe.

Sur le plan interne, cette période est marquée par le passage de l'accumulation extensive à l'accumulation intensive fondée sur les principes du Taylorisme et du Fordisme qui, en bouleversant le processus de production, améliorent les gains de productivité62. La prodigieuse hausse de productivité permet de révolutionner les méthodes de production dans la section des biens de consommation dont le développement règle les problèmes de débouchés et permet de concilier, à la fois, une hausse du pouvoir d'achat du salaire et celle du taux de profit 63. La possibilité d'un maintien ou d'une hausse du taux de profit en période d'alourdissement de la croissance tient à la différence que K. MARX a établie entre la composition technique et la composition organique du capital. La première concerne le volume du capital mis en oeuvre par les travailleurs alors que la seconde est un rapport entre la valeur du capital constant et celle du capital variable. La première peut hausser sans être suivie par la seconde. Il suffit pour cela que les gains de productivité soient suffisamment élevés dans les deux sections. Ceux réalisés dans la section des biens de consommation pourront maintenir ou élever le taux plus-value à un niveau compatible avec un maintien ou une hausse du salaire réel. Les gains de la section des biens de production empêchent une hausse de la composition organique du capital par une dévalorisation relative du capital 64.

Notes
61.

Idem, p. 41

Le régime d'accumulation intensif est apparu d'abord aux Etats Unis avant de se généralise lentement à l'Europe qui a été handicapée par les deux guerres mondiales. Voir à ce sujet les développements données par J. MAZIER, M. BASLE et J.F. VIDAL, op. cité de la page 33 à65.

62.

Idem, p. 169.

63.
64.

Consulter à ce sujet J.H. LORENZI - OPASTRE et J. TOLEDANO : La crise du XXe siècle,

Economica 1980, de la page 158 à 168.