Section 3 : Evolution ou perpétuation de la dette.

L'unanimité est acquise pour dire que la décennie soixante-dix s'est traduite par un transfert massif de ressources réelles vers les pays en voie de développement tout comme elle l'est aussi quant au renversement du signe de ce transfert dès les premières années de la décennie suivante. H. BOURGUINAT utilise l'expression de phase de "distribution progressive" pour la première et lui oppose celle de "distribution régressive" pour désigner la seconde 98. Le passage de l'une à l'autre a été brutal et montre bien que l'économie internationale d'endettement est un mécanisme de la régulation internationale qui dépend en dernier ressort de l'économie dominante : celle des Etats-Unis.

Plus incisive et plus tranchante est l'analyse d'autres auteurs tels que G. DE BERNIS et F. CHESNAIS qui utilisent l'expression de "capital usurier" pour marquer et expliquer l'enchaînement logique des deux phases de l'économie internationale d'endettement. La régulation par l'endettement consisterait à encourager les débiteurs à se surendetter durant la première phase et leur imposer les conditions de perpétuation de la dette durant la seconde phase. C'est le piège de l'usure. La crise de la dette ne serait donc qu'un moment où s'organise l'implantation ou le retour renouvelé du libéralisme économique par l'endettement. Les techniques de rééchelonnement et le cortège de conditionnalités qui les accompagnent en sont les instruments.

Seront examinés dans cette section les points suivants :

Notes
98.

H. BOURGUINAT : L'économie internationale au tournant, in H. BOURGUINAT et

J. MISTRAL : La crise de l'endettement acte II, Economica 1986, p. 36.