Conclusion du chapitre.

L'approche de la régulation nous a permis de mieux comprendre le processus historique du développement de l'endettement national et international. Grâce aux notions de régime d'accumulation et de régulation, il a été possible de replacer l'endettement dans une vision dynamique du développement du capitalisme à l'échelle de l'espace national puis international. En effectuant le dépassement du cadre micro-économique "créancier/débiteur", elle rend possible la compréhension des enjeux complexes de l'endettement lesquels ne peuvent être réduits à ce seul cadre.

Depuis la disparition des règles de Bretton-Woods, il apparaît que les instruments de domination ont changé de nature. La monnaie possède des attributs structurants sur l'économie mondiale. Cela implique un pouvoir de décision pour les plus puissants et le devoir d'ajustement pour les plus faibles. Tout en étant la condition pour que le pouvoir de la monnaie soit effectif, l'interdépendance accrue des différentes nations impose les limites à son utilisation par les créanciers pour qu'ils puissent éviter les effets de "boomerang" lesquels pourraient être pervers.

Il faut souligner, cependant, que par certains aspects, l'approche de la régulation fait des pays en voie de développement des agents éternellement passifs. La décennie soixante-dix prouve, au contraire, qu'ils ont participé activement à la montée de leur endettement. La dichotomie "dehors/dedans" est entretenue. L'utilisation des ressources empruntées et propres aux pays en voie de développement devrait être envisagée comme axe de recherche complémentaire afin d'obtenir une explication englobant les facteurs internes et externes qui ont généré le développement de l'économie de l'endettement.

Comme toute approche, l'explication proposée souffre d'un excès de généralisation. Parmi les pays les plus lourdement endettés, certains ont affiché durant une longue période un certain "nationalisme économique". Il serait intéressant de s'interroger, pour le cas de ces pays, sur les contraintes internes spécifiques qui ont contribué à leur surendettement.