Conclusion de la première partie.

Les deux thèses, rappelées au cours de cette première partie, ont pour trait commun leur approche structurelle. Elles inscrivent toutes les deux leur champ temporel dans le long terme. Pour la première, la fluctuation de tous les prix est le fait du court terme. Elle concentre son explication sur les conditions de mise en valeur des ressources empruntées. La conjoncture extérieure ne fait que renforcer ou atténuer les effets de distorsions selon qu'elle est favorable ou défavorable.

La seconde choisit l'économie mondiale comme point de départ pour son analyse. C'est la reproduction de ce "tout structuré" qui importe. Le caractère historique de la démarche montre que les modes de régulation doivent s'adapter aux modes d'accumulation. L'économie d'endettement est analysée alors comme un produit de la crise. La régulation par l'endettement permet de revaloriser dans un champ plus vaste les capitaux dévalorisés par la crise. C'est la phase dite redistributive de l'endettement. La crise de l'endettement qui annonce la seconde phase de la dette, dite régressive, est entrevue comme un effet de l'ajustement des économies débitrices aux critères de gestion des ressources imposés par la victoire du libéralisme. Première et seconde phases sont articulées dans une vision dynamique par laquelle on explique la nécessité pour les créanciers d'homogénéiser les règles de gestion de ressources sans aplanir les différences structurelles qui existent entre eux et les débiteurs et qui sont les conditions même du fonctionnement de l'économie mondiale.

Les arguments développés par l'une et l'autre rendent les deux thèses inconciliables. On ne peut s'empêcher de penser que cette opposition renvoie à un niveau d'abstraction inhérent à tout mode d'explication du général et aux hypothèses d'école sur lesquelles il se construit.

L'analyse empirique pourrait montrer, grâce à son éclectisme, que l'articulation de "l'endogène" à "l'exogène" peut varier de sens selon le cas. Les stratégies de développement et d'endettement diffèrent d'un groupe de pays à un autre. L'influence de la contrainte extérieure est différemment ressentie par les uns et les autres selon la nature des stratégies adoptées. On peut souligner l'aisance financière dont ont joui les pays de l'OPEP par opposition à la contrainte financière d'autres pays. L'expérience de développement de l'Algérie est riche en enseignements. Son étude ne manquera pas de nous rappeler que les conditions de l'accumulation ne peuvent pas être réduites aux seuls aspects de son financement.