Chapitre I : Les différentes phases de la dette extérieure.

Introduction.

L’étude de l'évolution statistique de la dette extérieure de l'Algérie mettra en évidence les différentes phases par lesquelles elle est passée. Chacune d'elles présente des caractéristiques propres lesquelles correspondent aux changements intervenus dans les structures de l'économie algérienne et dans l'environnement international.

La première phase du cycle de la dette se caractérise par des transferts nets positifs. En plus de ses recettes d'exportation, l'Algérie mobilisait des montants, nets de remboursement, afin de couvrir ses besoins de financement. Cela a été rendu possible par la solvabilité de l'Algérie, élargie par la hausse du prix du pétrole, et un environnement international permissif.

La crise de la dette, dès le début de la décennie quatre-vingts, fait entrer l'Algérie dans la deuxième phase en la matière. Une partie de ses recettes d'exportation reflue vers ses créanciers. Les effets du second "choc pétrolier" et la hausse du dollar ont pu rendre conciliables un désendettement effectif avec une croissance économique assez importante quoi que ajustée à la baisse. Au lendemain du "contre-choc pétrolier", l'Algérie éprouve des difficultés d'accès aux marchés financiers suite à la détérioration de sa solvabilité étroitement liée au prix du pétrole. Les transferts nets négatifs s'accompagnent de la hausse du stock de la dette. L'Algérie ne peut plus soutenir sa dette sans entamer le potentiel de sa croissance économique. La récession prolongée touche l'industrie dans ses pans essentiels, ceux-là même dont on attendait les effets d'indépendance sur le système productif.

Ce n'est qu'après près d'une décennie de récession que l'Algérie accepte le principe d'un rééchelonnement qui va lui permettre de disposer d'une partie plus importante de ses recettes d'exportation mais avec un mode d'emploi peu compatible avec une stratégie de redéploiement national. C’est la troisième phase de la dette.

Ce chapitre est divisé en trois sections. Chacune d’elles décrit une phase de la dette.

Nous nous attacherons à montrer, dans la première section, comment l'amélioration du rapport de force en faveur des pays producteurs sur les marchés des hydrocarbures a conduit l'Algérie à financer une part de plus en plus importante de son accumulation sur des ressources extérieures .

La deuxième révélera l'évolution très contrastée des flux de la dette, et par voie de conséquence la vulnérabilité du système productif algérien, aux chocs extérieurs. "La crise de liquidité", résultant de l'ancienne dette venue à échéance en même temps que la nouvelle contractée à court terme, ne serait - elle pas une crise structurelle empêchant la constitution d’un système productif plutôt que celle d’un système. Chacune des deux perspectives impose une direction particulière à la recherche.

L'objet de la troisième section est de montrer comment l'Algérie tente d'éviter le rééchelonnement par l'adoption d'un large programme de réformes destiné à remettre en confiance ses créanciers. Malgré cette ouverture, le resserrement de la contrainte de ressources extérieures conduit l'Algérie au rééchelonnement.