Section 1 : La décennie soixante-dix : décennie de développement ou d'endettement.

La décennie soixante-dix est connue de tous les observateurs pour avoir été celle de lancement de projets très ambitieux en Algérie. Quand on parle de cette période, on omet cependant de souligner le rôle joué par l'endettement dans l'effort de l'accumulation. La hausse brutale des recettes d'exportations, provoquée par le premier "choc pétrolier", éclipse ce dernier qui ne pouvait devenir une contrainte pensait-on. Cette croyance était d'autant plus enracinée que l'Algérie a opté pour un "modèle" de développement se fondant sur le "nationalisme économique" et dont la mise en oeuvre était centralement contrôlée.

La récupération des richesses des hydrocarbures et l'évolution du rapport de force entre les Etats producteurs et les pays consommateurs semblaient conforter cette logique en donnant à l'Algérie des moyens financiers inespérés quelques années auparavant.

La devise de l'époque est celle qui consistait à "semer le pétrole en développement". L'optimisme créé par le premier "choc pétrolier", une certaine solidarité entre les pays de l'OPEP et surtout entre ceux de l'OPAEP, conjugués à la forte croyance que l'on tenait la meilleure "recette de développement" ont poussé les pouvoirs publics à mobiliser d'importants fonds à l'étranger et ce, malgré de substantielles recettes d'exportations.

L'horizon du plan avec son cortège de promesses (indépendance économique, plein emploi, etc.) pour le début de la décennie suivante laissait peu de place aux soucis que pourrait poser, plus tard, l'endettement. Les nostalgiques de cette période en parlent comme d'une "décennie d'or" par opposition à la décennie suivante qu'ils qualifient de "noire".

La réalité est cependant tout autre quand on examine les chiffres qui ne manquent pas de révéler que la dette extérieure est d'abord le fait des années soixante-dix. L’Algérie ne fait pas exception à la règle sur ce plan.

Le but de cette section est un simple rappel de la nature de la dynamique créée par la mise en oeuvre de la stratégie algérienne de développement, le premier "choc pétrolier" et la politique d'endettement qui lui a été adossée. Trois points seront examinés :

  • - la dynamique de la période ;

  • l'évolution de la dette ;

  • le poids de la dette dans l'effort d'accumulation.