1.1 - La dynamique de la période.

Cette période est couverte par deux plans quadriennaux (1970/1973 et 1974/1977) et d'une pause de deux années (1978/1979) avant le lancement du premier plan quinquennal (1980/1984). Elle est marquée par la nationalisation des hydrocarbures (février 1971) et le premier choc pétrolier(1973/1974). Ces deux événements majeurs ne resteront pas sans effet sur les politiques d'investissement et d'endettement de l'Algérie.

Les chiffres des tableaux n° 12 et 13 révèlent l'état d'une économie en forte croissance si on fait exception de l'année 1971 qui a été marquée par le différend algéro-français lié à la nationalisation des hydrocarbures et dont l'effet a été une déprime des agrégats en question.

Tableau n° 12 : Evolution du PIB, de l'investissement, des importations et des exportations de biens et services en millions de dinars constants de 1974.
Années Produit intérieur brut ABFF + S Importations de biens & services Exportations de biens & services
1970 42.388,6 1.128,5 10.715 20.970
1971 39.037,1 11.022,3 9.913,1 15.527
1972 48.960,7 12.872,9 11.541,5 21.550
1973 50.602 16.046,8 14.500,3 22.755
1974 55.560,9 22.075,2 19.570,7 21.403,1
1975 58.866 23.956,6 22.797,9 21.509,9
1976 64.357,7 24.730,1 21.757,9 22.269,5
1977 68.263,6 29.049,4 26.291,5 22.127,9
1978 74.507 34.879,2 28.347,4 23.473,5
1979 80.089,3 32.380,4 25.976,2 25.131,3
Source : Mémorandum Algérie 1987 (Banque Mondiale)
Tableau n° 13 : Croissance annuelle moyenne du PIB, de l'investissement des Importations et des exportations de biens et services.
1970-1973 1974-1977 1970-1977 1978-1979 1970-1979
PIB 6,98 7,77 8,32 8,32 7,6
ABFF + S 15,82 16,0 15,92 5,58 13,8
Importations de biens et services. 11,1 11,6 13,5 9,94 10,6
Exportations de biens et services. 3 - 0,7 1,1 6,6 2,2
Source : construit à partir du tableau précédent

L'élément le plus dynamique, durant cette période est sans aucun doute l'investissement. Son volume et son taux témoignent d'une injection massive de capital. Entre la première et la dernière année du premier plan quadriennal, il se multiplie par 1,5 fois. Il se multiplie encore par 2,2 fois entre 1973 et 1977. Mesuré par le PIB, son taux est de 28,3 % pour la première période et de 40,4 % pour le second plan. En dehors de ces moyennes, il atteint des pics de 42,6 % en 1977 et de 47,8 % en 1978. Son taux de croissance est de 16 % en moyenne annuelle sur toute la période couverte par les deux plans quadriennaux, soit près de deux fois comparé à celui du PIB qui croît à 8,32 % sur toute la période. Le net fléchissement de 1978-1979 est dû justement aux difficultés d'absorption de l'investissement qui ont suggéré une pause pour parachever les projets en retard et réaliser ceux qui n'ont pu l'être.

Les importations constituent l'autre élément très important de cette période. Elles enregistrent une augmentation en volume et cumulée de 35,3 % entre 1970 et 1973. Cette forte hausse semble procéder d'une rupture puisqu'elle est le fait de la dernière année essentiellement. Elle est en effet de 26 % pour 1973. Elles augmentent encore de 35 % en 1974, ce qui les porte à 1,8 fois de plus que leur niveau de 1970, soit quatre années seulement auparavant. Leur taux de croissance, durant les deux plans, est de 13,5 % soit nettement supérieur à celui du PIB. On peut remarquer, au passage, que l'accroissement du PIB en 1974 et 1977 n'arrivent pas à couvrir celui des importations pour les mêmes années. Le taux d'importation passe de 25,8 % à 36,6 % du premier plan au second et se maintient sensiblement à ce niveau en 1978 et 1979 et ce, malgré la chute très marquée des importations pour cette dernière année.

Ces données témoignent d'un système productif en voie de constitution très contraint par les importations dont l'élasticité - revenu est très élevée. Le fort contenu en importation de l'investissement, dont les fruits tardent à venir, à cause de son caractère lourd, en est une explication en bonne partie.

A l'opposé des autres agrégats, les exportations, en termes réels, sont quasi stagnantes. Elles ne croissent qu'à un rythme de 1,1 % en moyenne durant les deux plans. Elles marquent un bond relativement important durant les deux années de pause. Cette hausse est due aux exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) et des produits raffinés. Les premières passent de 3,140 millions de tonnes en 1977 à 5.022 en 1978 et à 9.117 en 1979. Elles s'élèvent pour les seconds à 1,368 millions de tonnes, 3,583 et 3,235 respectivement pour les mêmes années.125

Les données que nous venons de commenter brièvement renseignent sur le problème inévitable de financement des importations et de l'investissement par voie de conséquence, chose qu'on ne pouvait percevoir par l'analyse en termes réels.

Notes
125.

Banque Mondiale : Mémorandum Algérie 1987.