1.2.1 - Les besoins de financement.

Le déficit chronique de la balance commerciale au sens large fait appel à un financement extérieur. Le débiteur doit année après année mobiliser les ressources en devises pour régler son nouveau déficit commercial, les intérêts et le principal. Aussi, la dette s'accumule-t-elle.

Le tableau n° 14 donne, en valeur courante, l'évolution des besoins de financement de l'Algérie.

Tableau n° 14 : Evolution du service de la dette et des besoins de financement en millions de dinars courants et en % des exportations.
Année Exportations
(1)
Importations
(2)
Solde commercial
(3)=(1)-(2)
Service de la dette
(4)
Besoin de financemt
(5)=(1)-(2)-(4)
(4) %
(1)
(5) %
(1)
1970 5.304,4 7.000 - 1.696,2 314,04 - 2.010,24 6 38
1971 4.505 6.909,4 - 2.404,4 543,43 - 2.947,83 11 65
1972 6.163,3 7.555,9 - 1.392,6 712,6 - 2.105,2 12 34
1973 8.750,6 10.920,8 - 2.170,2 925,22 - 3.095,42 12 35
1974 21.403,1 19.570,7 + 1.382,4 2.852,98 - 1.470,58 13 7
1975 20.714,1 26.400,7 - 5.686,6 1.802,74 - 7.493,34 9 36
1976 24.362,8 27.393,2 - 3.030,4 3.220,66 - 6.251,06 16 26
1977 26.553,5 36.334,8 - 9.781,3 4.279,94 -14.061,24 16 53
1978 26.689,4 41.954,7 -15.264,7 9.842,94 -25.107,64 21 94
1979 39.908,3 42.081,5 - 2.173,2 10.105,48 -12.278,68 25 31
Source : Construit à partir du Mémorandum Algérie 1987 de la Banque Mondiale et de l'annexe n°A. 1.

Exception faite de l'année 1974, le déficit structurel révèle l'état d'une économie qui a recours à une mobilisation accrue de ressources extérieures pour entretenir sa croissance. Exception faite de 1974 et 1979 qui correspondent aux annéesdes deux "chocs pétroliers". Le taux de couverture des importations par les exportations est de 76 % en moyenne pour le premier plan et les quatre années qui séparent les deux "chocs pétroliers".

Les recettes d'exportation ont augmenté de 42 % en 1973 et de 145 % en 1974, soit à un niveau supérieur de 3,5 fois par rapport à celui de 1972. Au lieu d'être contenues par la nouvelle situation financière, les importations ont, paradoxalement, connu une forte augmentation. Elle a été de 45 %, 80 % et 35 % pour 1973, 1974 et 1975 respectivement. Leur hausse continue, conjuguée à la relative stagnation des recettes d'exportations de l'entre-deux "chocs pétroliers", pousse le déficit commercial à se creuser davantage. On peut remarquer que de 1975 à 1978 ce déficit a été largement supérieur aux recettes d'exportation d'avant 1973. Il est presque de 3 fois supérieur, pour la seule année 1978, à une année moyenne d'exportation (1970-1972).

Le premier "choc pétrolier" a créé un nouveau contexte pour l'accumulation du capital qui se caractérise par une soif de l'investissement dont on mobilise l'essentiel par l'importation. Le déficit de la balance commerciale, malgré la hausse sans précédent des recettes d'exportation, met en évidence le caractère d'une économie contrainte par les ressources eu égard au niveau retenu pour l'investissement. Aussi, les besoins de financement se sont-ils accrus dès le lendemain du premier "choc pétrolier".

D'après le tableau de l'annexe A1, l'Algérie a marqué une forte présence sur les marchés financiers dès 1975. En 1978, soit après les quelques deux ou trois années de grâce, l'Algérie devait faire face à des remboursements assez importants au titre du service de la dette. Le ratio du service de la dette, négligeable en 1973, augmente continuellement, exception faite de 1975, pour terminer à 25 % en 1979 et ce malgré la seconde explosion des recettes d'exportation. Ce ratio reste cependant acceptable. C’est un maximum raisonnable dans les normes internationales. Rappelons que pour un même niveau du service de la dette rapporté à leurs exportations, bon nombre de pays ont demandé un rééchelonnement de leur dette.

Pour faire face à son service de la dette et à son déficit commercial chronique, l'Algérie a mobilisé, entre 1975 et 1978, 14.615 millions de dollars (cf. annexe A.1.). Les besoins de financement, d'après le tableau n° 14, ont connu une forte augmentation, exception faite de 1974 et 1979. Ils se sont multipliés par 2,5 fois entre 1973 et 1975 et par plus de 3 fois entre 1975 et 1978. Pour cette dernière année, il faut presque l'équivalent des recettes d'exportation pour couvrir les seuls besoins de financement.