1.2.3 - Le poids de l'endettement dans le financement de l'accumulation.

En tenant compte des flux et des reflux de la dette, on peut apprécier le poids de l'endettement dans l'effort d'accumulation. Il suffit pour cela de rapporter le montant des transferts nets au PIB ou à l'investissement brut. L'évolution de ces deux rapports permet de saisir l'intensité avec laquelle l'épargne étrangère nette a participé aux côtés de l'épargne domestique au financement de l'accumulation.

La période 1970-1979 coïncide, comme nous l'avons souligné précédemment, avec la première phase du cycle de l'endettement. Elle se définit par le fait que les transferts nets soient restés positifs tout au long. Autrement dit, l'Algérie n'a jamais eu à payer sa dette durant cette période. Les transferts nets venaient s'ajouter à ses recettes au titre des exportations de biens et services.

Le tableau n° 16 permet de saisir les mêmes tendances qui se sont dégagées des chiffres précédents. La part des transferts nets dans le financement de l'accumulation a globalement augmenté en même temps que la hausse des recettes d'exportation si l'on exclue les deux années qui correspondent aux deux "chocs pétroliers".

Tableau n° 16 : Part des transferts nets dans le PIB et l'investissement brut en dinars courants.
Années Transferts nets en % du PIB
(1)
Investissement brut en % du PIB
(2)
Transferts nets en % de l'investissement brut
(3) = (1) / (2) %
1970 1,9 33,9 5,6
1971 4,8 33,5 14,3
1972 11 32,3 34,1
1973 4,5 35,9 12,5
1974 0,6 33,8 1,8
1975 6,7 43,2 15,5
1976 6,5 45,3 14,3
1977 8,7 47,6 18,3
1978 12,2 49,3 24,7
1979 3,4 40,3 8,4
Source : Calculs personnels à partir des Annexes A.1 et B.1.

Exception faite de l'année 1972, pour laquelle le chiffre calculé est particulièrement élevé et dont on ne connaît pas les raisons, l'appel à l'épargne nette étrangère connaît une baisse en 1973 et devient négligeable en 1974. Cet appel s'intensifie entre les deux "chocs pétroliers". Les rapports des transferts nets au PIB et à l'investissement brut passent de 0,6 et 1,8 % respectivement en 1974 à 12,2 et 24 % en 1978. L'année suivante, où a eu lieu le second "choc pétrolier", ils ne sont plus que de 3,4 % pour le premier et de 8,4 % pour le second.

Ces ruptures témoignent encore une fois de l'importante influence du prix du pétrole dans l'équilibre ressources/emplois de l'Algérie. L'épargne domestique est tributaire dans une mesure importante de ce même prix. Son taux passe de 34 % en 1973 à 44,6 en 1974. Il effectue un bond similaire au lendemain du second "choc pétrolier" (cf. Annexe B.1 et B.2).

La vulnérabilité dont on a parlé plus haut vient du fait que l'épargne domestique qui finance une partie très importante de l'accumulation ne puisse pas être reproduite, à son niveau, par les capacités réelles de l’économie nationale sachant qu'une partie importante de cette épargne résulte d'un transfert de pouvoir d'achat du reste du monde sous la forme d'une hausse du prix des hydrocarbures et d'une amélioration des termes de l'échange. Nous reviendrons longuement sur la nature de cette partie de l'épargne au troisième chapitre de la présente partie. Contentons-nous de conclure que l'Algérie a pu maintenir un haut niveau d'investissement grâce à un financement assuré conjointement par une hausse des prix des hydrocarbures et les transferts nets de plus en plus importants.

Il est vrai que la période est trop courte pour tirer de telles conclusions. Il s'agit de la première phase du cycle de l'endettement durant laquelle les ratios de la dette extérieure se détériorent. La tendance devrait s'inverser dans une seconde phase grâce aux effets attendus de l'investissement. Ces effets relèvent de l'efficacité de l'investissement à produire des ressources qui viendraient se substituer aux importations dont la contrainte devrait se desserrer et réduire ainsi le recours aux nouveaux emprunts. Les différents ratios et le stock de la dette pourraient alors diminuer.

Nous pourrons retenir, cependant, au terme de cette section, les points suivants :