Section 2 :La décennie quatre-vingts et la seconde phase de l'endettement.

La dette algérienne entre dans la deuxième phase de son cycle dès la première année de cette décennie. C'est une période durant laquelle le service de la dette a été globalement supérieur aux nouvelles mobilisations. Autrement dit, l'Algérie doit prélever la différence sur son produit intérieur brut pour effectuer les transferts au profit de ses créanciers.

Cette opération s'impose comme une nécessité logique à tout débiteur. Le problème est plutôt de savoir si ce dernier est en mesure, au terme de la première phase du cycle d'endettement, d'effectuer ces transferts sans entamer le potentiel de sa croissance économique. Cela renvoie évidemment à l'utilisation qu'il a faite des ressources empruntées. On ne peut s'arrêter cependant à cette unique considération. Des variables, à caractère exogène, sur lesquelles les pays en voie de développement n'ont aucune influence peuvent faire en sorte que le transfert soit plus ou moins supportable. Les recettes d'exportations, le niveau des termes de l'échange, le taux de change entre les monnaies des recettes et celles des paiements et la variation des taux d'intérêt sont autant de facteurs qui peuvent influencer le poids du transfert dans les recettes d'exportations ou le produit intérieur brut.

Les chiffres de l'annexe A.1 invitent à distinguer deux sous-périodes dans la décennie quatre-vingts. La première s'étend de 1980 à 1984 au cours de laquelle les transferts nets négatifs s'accompagnent d'une baisse du stock de la dette. La seconde, allant de 1986 à 1990, voit le stock de la dette remonter alors que les transferts nets restent négatifs. Remarquons que cette périodicité correspond aux effets du second "choc pétrolier" associés à l'appréciation du dollar face aux monnaies européennes pour la première sous-période et aux effets du "contre-choc pétrolier" pour la seconde. Ces deux événements majeurs ne manqueront pas de mettre en évidence la capacité/incapacité de l'Algérie à effectuer des transferts au profit de ses créanciers. En plus des recettes d'exportations, cette capacité/incapacité dépend des possibilités réelles de l’économie algérienne à se soustraire à un endettement nouveau.