La Banque d'Algérie retient les mêmes montants qu'il s'agisse d'un rééchelonnement classique ou d'un refinancement bilatéral afin de comparer la structure des nouvelles échéances qui en résulteraient.
L'allégement des crédits fournisseurs et acheteurs garantis, négociable avec le Club de Paris dans le cadre d'un rééchelonnement classique, concerne des montants qui totalisent 2.265 millions de dollars dont 1.600 pour 1991 et 665 pour le premier semestre de 1992. Le remboursement se ferait sur une période de dix ans après une période de cinq années de grâce156.
Pour les crédits financiers, on envisageait une consolidation sur deux années (1991 et 1992) avec un remboursement s'étalant sur douze années après une période de grâce de cinq années. Les montants retenus étaient de 1.000 millions de dollars pour 1991 et de 830 millions pour 1992157.
Selon ce scénario, il était possible de libérer 4.095 millions de dollars dont 2,6 pour l'année 1991 et 1.495 pour la suivante. Selon que l'on retient l'hypothèse d'un rééchelonnement classique ou celle d'un refinancement bilatéral, les effets sur les besoins de financement, le ratio du service de la dette et le stock de la dette seraient différents.
Les chiffres des tableaux qui suivent permettent de comparer directement les évolutions anticipées par les deux scénarios.
Années | Export hydrocarb. (1) |
Autres exportations (2) |
Total (1) + (2) |
Import de biens et services | Balance commerciale |
1990 | 10.015 | 800 | 10.815 | 10.000 | 815 |
1991 | 11.278 | 1.000 | 12.278 | 11.500 | 778 |
1992 | 14.680 | 1.124 | 15.804 | 13.225 | 2.579 |
1993 | 15.047 | 1.286 | 16.333 | 15.209 | 1.125 |
1994 | 13.380 | 1.473 | 14.853 | 16.273 | - 1.421 |
1995 | 14.718 | 1.686 | 16.404 | 17.412 | - 1.008 |
1996 | 15.454 | 2.040 | 17.494 | 19.154 | - 1.660 |
1997 | 16.999 | 2.469 | 19.468 | 21.069 | - 1.601 |
1998 | 18.699 | 2.987 | 21.686 | 23.176 | - 1.490 |
1999 | 22.439 | 3.614 | 26.053 | 25.495 | + 559 |
2000 | 26.927 | 4.373 | 31.300 | 29.446 | 1.854 |
Source : HADJ NACER A.R , op. cité, p. 11. |
Statu-quo | Rééchelonnement |
Rééchelonnement coupon-zéro |
|||||||
Années | Besoins de financement | Service de la dette en % export. | Besoins de financement | Service de la dette en % export. | Besoins de financement | Service de la dette en % export. | |||
1990 | 6.093 | 74,6 | 6.093 | 74,6 | 6.093 | 74,6 | |||
1991 | 7.164 | 64,9 | 4.564 | 43,8 | 4.900 | 46,5 | |||
1992 | 4.919 | 50,7 | 3.787 | 43,5 | 2.396 | 34,8 | |||
1993 | 5.659 | 45,3 | 6.325 | 49,4 | 3.568 | 32,5 | |||
1994 | 7.297 | 46,9 | 8.512 | 55,1 | 6.388 | 40,4 | |||
1995 | 7.282 | 46,6 | 8.620 | 54,7 | 6.318 | 40,7 | |||
1996 | 8.321 | 46,8 | 9.755 | 55 | 7.368 | 41,3 | |||
1997 | 8.759 | 45,7 | 10.322 | 53,8 | 7.806 | 40,9 | |||
1998 | 9.146 | 44,3 | 10.834 | 52,1 | 8.200 | 40 | |||
1999 | 7.533 | 39,4 | 9.341 | 46,4 | 6.602 | 36 | |||
2000 | 6.052 | 33,1 | 7.875 | 38,9 | 5.199 | 30,4 | |||
Source : HADJ NACER. A.R , op. cité, p. 11 |
Années | Statu quo | Rééchelonnement |
Rééchelonnement coupon-zéro |
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 |
23.693 24.934 23.986 24.314 26.748 28.681 31.265 33.711 36.162 36.463 35.222 |
23.693 24.934 23.986 24.314 26.748 28.681 31.265 33.711 36.162 36.463 35.222 |
23.693 23.328 21.280 21.147 23.807 25.984 28.833 31.625 34.324 34.957 34.077 |
Source : HADJ NACER. A.R , op. cité, p.11. |
La lecture des tableaux n° 25, 26 et 27 permettent de faire les commentaires suivants :
le scénario recherchait à mettre en évidence le caractère conjoncturel de la crise financière algérienne (tableau n° 27). Dans l'hypothèse d'un statu quo, le ratio du service de la dette a déjà atteint son maximum à la fin de 1990 (date de la publication du scénario). Il resterait cependant contraignant pour 1991 et 1992 puisqu'il absorberait près de 65 % des recettes d'exportation pour la première et 51 % pour la seconde. La projection faisait état d'une baisse continue de ce ratio à partir de 1994 et ce, malgré l'accroissement continu jusqu'à 1998 des besoins de financement. Cela devenait possible pour les auteurs de ces chiffres grâce à une augmentation des recettes d'exportation. Celles qui concernaient les seules hydrocarbures devaient enregistrer une hausse de 47 % en 1992 par rapport à 1990. Une hypothèse très proche était retenue pour les exportations hors hydrocarbures ;
le rééchelonnement procurerait une bouffée d'oxygène durant les deux années de 1991 et 1992 seulement (tableau n° 26). A partir de 1993, les besoins de financement et le ratio du service de la dette augmenteraient plus vite qu'ils ne le feraient dans une situation de statu quo et plus vite encore après la fin de la période de grâce. Si ce n'était l'étranglement des deux premières années, il eût été préférable de ne rien entreprendre d'après ce scénario ;
la stratégie du refinancement adossée à des " coupons-zéro" était donnée pour être la meilleure. Exception faite de l'année 1991, cette option présentait des avantages en ce qui concerne les besoins de financement de la dette et le stock de la dette. Il s'agit d'un montage financier complexe par lequel le débiteur échange des titres contre des créances. Ces titres présentent l'avantage d'être plus liquides pour les banques que les créances et d'être négociables à l'insu de leur émetteur. Ils sont garantis par un gouvernement d'un pays industriel. Ce qui donne l'assurance aux banques d'être remboursées à l'échéance. Le Mexique a pu échanger 2,56 milliards d'obligations contre 3,66 milliards de créances. Il était obligé d'acheter des "coupons-zéro" pour 0,533 milliards remboursables à 2,56 milliards à l'échéance158.
La mise en oeuvre du scénario retenu a débouché sur deux contrats de refinancement bilatéraux d'un montant global de 3.600 millions de dollars environ dès le printemps de 1991159. Le premier consiste à refinancer le principal d'un prêt syndiqué, avec comme chef de file le Crédit Lyonnais, de 1.457 millions de dollars. Seuls les amortissements du principal venant à échéance entre le 1er octobre 1991 et le 31 mars 1993 sont concernés. Le second concerne le refinancement de 2.100 millions de dollars en principal et intérêts dus aux crédits à l'exportation, garantis par la société italienne d'assurance des crédits à l’exportation (SACE) pour le compte du gouvernement italien et venant à échéance entre le début de 1991 et la fin de 1994160.
Le premier accord pour lequel nous disposons d'informations prévoit deux tranches. La première (A) concerne les crédits ayant une maturité d'au moins deux ans. Elle refinance un montant de 1.234 millions de dollars. La nouvelle échéance est de 8 ans avec trois années de grâce assortie d'une condition LIBOR + 1,5 %. La seconde (B) refinance les échéances dont la durée est comprise entre 12 et 24 mois. Une échéance de 223 millions de dollars est prolongée à 8 ans après 3 années de grâce. L'accord retient la condition du LIBOR + 1,375 %161.
Les ressources libérées par ces deux accords allaient se révéler bien insuffisantes eu égard au service de la dette dont le ratio dépassera 75 % dès 1992. L'écart entre les chiffres réels et ceux prévus par le scénario de refinancement suggère que l'on s'interroge sur les limites de ce dernier.
HADJ NACER. A.R. op. cité, p.11
Idem.
PH. A. BENNETOT : La dette du Tiers Monde, mécanismes et enjeux. Les études de la
documentation française 1991, p. 108.
Banque Mondiale : La transition vers une économie de marché, Septembre 1993, p.
Banque Mondiale : Document M/bp/ALG/STRAT du 17.06.1992, p. 8.
Idem.