2.1.3 - La rente de monopole.

L'existence du monopole sur la propriété foncière permet même au dernier terrain, dans notre cas le dernier puits, de s'approprier une rente qui ne peut provenir ‘"que d'un excédent du prix du marché sur la valeur et le prix de production, bref d'un prix de monopole sur le produit"’ 221.

Remarquons que l'apparition de cette forme de rente se passe de l'existence préalable d'une composition organique du capital plus faible. Pour qu'elle se forme, il faut non seulement que le prix du marché soit supérieur au prix de production mais à la valeur aussi. La rente de monopole n'est plus un effet de la hausse du prix mais en est la condition222. C’est la rente qui fait le prix et non l’inverse. Le propriétaire foncier ne prélève plus une rente parce que le prix a haussé mais fait hausser celui-ci en prélevant une rente. La propriété foncière crée la rente grâce au monopole avant de se l'approprier. Remarquons d'ailleurs que K. MARX préfère l'expression de "tribut" à celle de rente pour dissocier ce que l'on a appelé rente de monopole des rentes dites "normales" (différentielle et absolue)223.

Dans l'industrie pétrolière, la rente de monopole est appropriée à tous les stades du processus. La faible élasticité de la demande croisée du fait du peu de possibilité de substitution, la protection des marchés nationaux par des droits douaniers et les barrières à l'entrée sont les trois éléments permissifs aux prélèvements effectués par les Etats, producteurs et consommateurs, et le capital pétrolier224.

Pour résumer, nous pouvons retenir les éléments suivants :

Coût de production, profit moyen et total des rentes n'expliquent qu'une partie de la structure du prix du pétrole. Pour obtenir ce dernier on ajoute une redevance qui est censée représenter le coût de reconstitution du pétrole sachant que celui-ci est non reproductible. Aussi, parle-t-on de prix de reproduction au lieu de prix de production.

Notes
221.

K. MARX, op. cité, p. 149.

222.

K. MARX, op. coté, p. 158.I

223.

Idem.

224.

J.P. CHEVALIER : op. cité, pp. 241 et 242.