3.1 - Le financement de l'accumulation sur les ressources minières et ses limites.

La disponibilité en richesses minières dans certains pays en voie de développement a complètement bouleversé la problématique du financement de l'accumulation du capital. Historiquement, c'est le surplus agricole qui a joué ce rôle. Il était échu auparavant aux propriétaires terriens qui en disposaient sous forme de rente foncière. Sa mobilisation pour l'industrialisation a été rendue possible grâce à un renversement des termes de l'échange intérieurs au profit de l'industrie. Il prenait la forme d'un excédent de capitaux et de travail que l'agriculture refoulait vers l'industrie du fait du libre échange qui installait les produits de la terre et des mines dans une situation relativement moins compétitive que les mêmes produits étrangers. C'est du moins ce que nous suggère la compréhension du schéma ricardien de l'accumulation et la réalité historique qu'impose la spécialisation coloniale.

Au vingtième siècle, la problématique de l'accumulation dans les pays en voie de développement se pose en d'autres termes. Après leur indépendance politique, ces pays se sont trouvés confrontés au problème du financement du développement sachant que ce dernier ne peut être entrevu en dehors des échanges avec les pays industrialisés. Le surplus n'est mobilisable, en effet, pour l'accumulation que s'il prend la forme de biens d'investissement qui sont importés dans leur majorité. L'insuffisance de leur surplus fait que ces pays ont recours à l'épargne étrangère pour combler l’écart le déficit avec les besoins d'investissement.

Pour ceux, parmi eux, qui disposent d'un surplus minier important, existe la possibilité, théorique du moins, de contourner les difficultés que pose le schéma historique de l'accumulation. Le surplus disponible pour l'investissement est accru alors que les sacrifices peuvent être atténués. D'un autre côté, les limites d'un financement sur le surplus minier sont évidentes. Sa mobilisation est liée à la durée de vie des gisements et pose donc inévitablement le problème de sa transformation en activités de remplacement capables de générer durablement leur propre surplus. A cela, il faut ajouter les difficultés liées au marché mondial qui est le lieu de réalisation et de détermination du volume du surplus minier.

Il nous faut donc préciser les avantages et les limites du financement de l'accumulation sur le surplus minier.