Il a été montré dans le paragraphe précédent qu'il existe une forte relation entre l'investissement et les importations. Le financement de l'un renvoie à celui des autres. Traditionnellement, on compare le volume de l'investissement à celui de l'épargne nationale pour déterminer si l'on doit faire appel ou non au financement extérieur. Un tel raisonnement occulte, à notre avis, le rôle des hydrocarbures dans le cas de l'Algérie. Le surplus des hydrocarbures n'étant pas produit et ne pouvant être reproduit dans la longue durée, il serait judicieux de l'isoler du surplus hors hydrocarbures pour analyser et mesurer les capacités réelles de l'économie algérienne à générer des ressources permanentes pour financer son accumulation.
Nous adopterons pour cela une logique - produit, déjà utilisée par A. BENACHENHOU271. Nous tâcherons d'en interpréter les résultats en fonction de nos propres préoccupations. La mise en évidence des parts respectives de la valeur ajoutée des hydrocarbures et de la dette extérieure dans le financement de l'accumulation n'est qu'une étape dans notre démarche qui consiste à saisir le lien entre la rente et la dette plutôt que leur simple complémentarité.
Le produit intérieur brut sera éclaté en deux parties :
le produit intérieur brut hors hydrocarbures (PIBHH) pour exprimer la richesse reproductible si l'on ne tient pas compte, à ce stade du raisonnement, des effets du secteur des hydrocarbures sur la reproduction du reste de l'économie. La consommation finale (CF) sera déduite du seul PIBHH comme si l'Algérie ne disposait pas d'un secteur des hydrocarbures. La différence est équivalente au produit intérieur disponible hors hydrocarbures (PIDHH) pour l'accumulation ;
la seconde partie est constituée par le produit des hydrocarbures dont l'exploitation et la valorisation sont tournées essentiellement vers l'extérieur. La "valeur ajoutée" dont l'emploi est presque exclusivement absorbé par les exportations peut être un indicateur, faute d'un autre plus précis, du poids des hydrocarbures dans le financement de l'investissement. Il est évident que la "valeur ajoutée des hydrocarbures" (VAH) ne saurait être confondue avec tout le surplus du secteur ou la rente.
Nous pouvons résumer notre approche par les équations suivantes :
Faute de statistiques couvrant toute la période et concernant les droits de douanes et taxes sur importations et la TUGP, nous approcherons le PIBH par la valeur ajoutée du secteur. La différence (M - X) représente les importations nettes de biens et services non - facteurs. Elle correspond par conséquent à un besoin d'endettement nouveau (D) quand elle est positive.
Notre équation devient alors :
En divisant les termes de gauche par I, on obtient la part de chacun dans le financement de l'investissement. Les résultats sont présentés selon deux sous-périodes :
la première couvre la décennie soixante-dix ;
la seconde coïncidera avec le plan quinquennal (1980-1984).
A. BENACHENHOU : Planification et développement en Algérie (1962-1980), OPU Alger1980, p. 226.