1.2.2 -011le plan quinquennal (1980-1984).

On peut noter, grâce au tableau n° 34, que les importations nettes conservent un signe négatif sur toute la période. L'économie nationale rembourse une partie des dettes contractées durant la décennie précédente. Le désendettement reste le fait des hydrocarbures et marginalement celui du PIDHH puisque le poids de celui-ci a tendance à augmenter dans le financement de l'investissement en fin de période.

Le second choc pétrolier (1979) a permis, à la fois, de maintenir la fonction financière des hydrocarbures et de se désendetter. En effet, la valeur ajoutée des hydrocarbures connaît une augmentation régulière entre 1979 et 1984. Elle passe de 33.534,7 à 63.030 millions de dinars courants, soit en marquant une hausse de 88 %.

Bien que la participation du PIDHH au financement de l'accumulation s'améliore en passant de 29 à 33 % dans la même période, l'excédent des ressources (PIDHH + V.A des hydrocarbures) sur les besoins de financement de l'investissement reste le fait de la rente.

La faiblesse du surplus hors hydrocarbures compte tenu des besoins d'investissement traduit deux faits importants :

Le second "choc pétrolier" semble avoir conforté les pouvoirs publics dans cette logique. Le retournement de conjoncture, dès le début des années quatre-vingts, faisait déjà craindre, pour la période suivante, les difficultés liées à la poursuite du financement d’un large système productif qui n'est toujours pas parvenu à maturité.

Tableau n° 34 : Structure du financement de l'accumulation en millions de dinars courants et en % (1980-1984).
1980 1981 1982 1983 1984 1980/1984
1. Produit intérieur brut 162.507,2 191.469,4 207.551,8 233.752,7 262.320 1.057.601,1
2. PIB hors hydrocarbures 111.315,9 132.306,6 148.837,1 171.614 199.290 763.363,6
3. V.A hydrocarbures 51.191,3 59.162,8 58.714,7 62.138,7 63.030 294.237,5
4. Consistance finale 92.530,8 113.529,8 126.218,9 140.875,4 158.920 632.074,9
5. PID hors hydrocarbures 18.785,1 18.776,8 22.618,2 30.737,9 40.370 131.288
6. Investissement total 63.512 70.835,7 77.342,4 87.819 96.200 395.709,1
7. Absorption interne 156.042,8 184.365,5 203.561,3 228.694,4 255.120 1.027.784
8. Absorp. interne / PIB % 96,02 96,29 98,08 97,84 97,26 97,18
9. Absorp. interne / PIBHH % 140,18 139,35 136,77 133,26 128,01 134,64
10. Importations nettes - 6.464,4 - 7.103 - 3.990,6 - 5.057,6 - 7.200 - 29.815,6
11. PID / Investis. total % 30 27 29 35 42 33
12. V.A hydro. / Invest. total % 81 84 76 71 66 75
13. Imp. nettes / Invest. total % - 10 - 10 - 5 - 6 - 7 - 8
Source : Construction personnelle à partir des données de la Banque Mondiale, Mémorandum Algérie 1987.

Au terme de cette section, nous pouvons avancer que la dépendance financière de l’économie algérienne s'est accrue vis à vis des hydrocarbures au fil des ans et que la valorisation de ces derniers a permis d'asseoir la solvabilité extérieure de l'Algérie. La structure de l'investissement, à en juger par le poids des hydrocarbures dans les recettes d'exportation, ne laisse entrevoir aucune possibilité, à court et moyen termes, d'échapper aux effets d'un retournement de conjoncture sur le marché des hydrocarbures et/ou des conditions d'endettement.

Malgré les risques, bien connus, que fait peser une instabilité des termes de l'échange273 sur l'accumulation et l'endettement par voie de conséquence, l'Algérie a préféré orienter ses efforts vers la mobilisation de la rente. Il est intéressant d'en mesurer l'ampleur dans la prochaine section.

Notes
273.

P. GUILLAUMONT : Sur la décomposition de l'instabilité en ses éléments constitutifs : Les recettes, prix et quantités, prix relatifs, amplitude et synchronisme in CNRS (Lyon) : Prix relatifs des matières premières et développement. Paris 1982, de la page 79 à 90. On peut consulter sur ce même point R. NURSKE qui dans la polémique sur "la dégradation séculaire des termes de l'échange" a développé une explication en 6 points in "Les problèmes de la formation du capital dans les pays sous-développés". CUJAS 1968, de la page 163 à 172.