On peut noter, grâce au tableau n° 34, que les importations nettes conservent un signe négatif sur toute la période. L'économie nationale rembourse une partie des dettes contractées durant la décennie précédente. Le désendettement reste le fait des hydrocarbures et marginalement celui du PIDHH puisque le poids de celui-ci a tendance à augmenter dans le financement de l'investissement en fin de période.
Le second choc pétrolier (1979) a permis, à la fois, de maintenir la fonction financière des hydrocarbures et de se désendetter. En effet, la valeur ajoutée des hydrocarbures connaît une augmentation régulière entre 1979 et 1984. Elle passe de 33.534,7 à 63.030 millions de dinars courants, soit en marquant une hausse de 88 %.
Bien que la participation du PIDHH au financement de l'accumulation s'améliore en passant de 29 à 33 % dans la même période, l'excédent des ressources (PIDHH + V.A des hydrocarbures) sur les besoins de financement de l'investissement reste le fait de la rente.
La faiblesse du surplus hors hydrocarbures compte tenu des besoins d'investissement traduit deux faits importants :
la difficulté de substitution des sources de financement internes aux sources externes et dont les raisons sont à rechercher dans la nature du système productif tel qu'il se constitue concrètement ;
l'amélioration spectaculaire des termes de l'échange, provoquée par le premier choc pétrolier, a permis à l'Algérie d'élargir sa solvabilité extérieure vis à vis de ses créanciers et d'anticiper le remboursement de sa dette sur sa rente. Cette logique a permis à son tour de pratiquer une politique d'injection massive de capital fixe sans que ne soit sérieusement abordées les questions de son efficacité réduisant ainsi le problème de l'accumulation du capital, à plus ou moins long terme, au seul aspect de son financement.
Le second "choc pétrolier" semble avoir conforté les pouvoirs publics dans cette logique. Le retournement de conjoncture, dès le début des années quatre-vingts, faisait déjà craindre, pour la période suivante, les difficultés liées à la poursuite du financement d’un large système productif qui n'est toujours pas parvenu à maturité.
1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1980/1984 | |
1. Produit intérieur brut | 162.507,2 | 191.469,4 | 207.551,8 | 233.752,7 | 262.320 | 1.057.601,1 |
2. PIB hors hydrocarbures | 111.315,9 | 132.306,6 | 148.837,1 | 171.614 | 199.290 | 763.363,6 |
3. V.A hydrocarbures | 51.191,3 | 59.162,8 | 58.714,7 | 62.138,7 | 63.030 | 294.237,5 |
4. Consistance finale | 92.530,8 | 113.529,8 | 126.218,9 | 140.875,4 | 158.920 | 632.074,9 |
5. PID hors hydrocarbures | 18.785,1 | 18.776,8 | 22.618,2 | 30.737,9 | 40.370 | 131.288 |
6. Investissement total | 63.512 | 70.835,7 | 77.342,4 | 87.819 | 96.200 | 395.709,1 |
7. Absorption interne | 156.042,8 | 184.365,5 | 203.561,3 | 228.694,4 | 255.120 | 1.027.784 |
8. Absorp. interne / PIB % | 96,02 | 96,29 | 98,08 | 97,84 | 97,26 | 97,18 |
9. Absorp. interne / PIBHH % | 140,18 | 139,35 | 136,77 | 133,26 | 128,01 | 134,64 |
10. Importations nettes | - 6.464,4 | - 7.103 | - 3.990,6 | - 5.057,6 | - 7.200 | - 29.815,6 |
11. PID / Investis. total % | 30 | 27 | 29 | 35 | 42 | 33 |
12. V.A hydro. / Invest. total % | 81 | 84 | 76 | 71 | 66 | 75 |
13. Imp. nettes / Invest. total % | - 10 | - 10 | - 5 | - 6 | - 7 | - 8 |
Source : Construction personnelle à partir des données de la Banque Mondiale, Mémorandum Algérie 1987. |
Au terme de cette section, nous pouvons avancer que la dépendance financière de l’économie algérienne s'est accrue vis à vis des hydrocarbures au fil des ans et que la valorisation de ces derniers a permis d'asseoir la solvabilité extérieure de l'Algérie. La structure de l'investissement, à en juger par le poids des hydrocarbures dans les recettes d'exportation, ne laisse entrevoir aucune possibilité, à court et moyen termes, d'échapper aux effets d'un retournement de conjoncture sur le marché des hydrocarbures et/ou des conditions d'endettement.
Malgré les risques, bien connus, que fait peser une instabilité des termes de l'échange273 sur l'accumulation et l'endettement par voie de conséquence, l'Algérie a préféré orienter ses efforts vers la mobilisation de la rente. Il est intéressant d'en mesurer l'ampleur dans la prochaine section.
P. GUILLAUMONT : Sur la décomposition de l'instabilité en ses éléments constitutifs : Les recettes, prix et quantités, prix relatifs, amplitude et synchronisme in CNRS (Lyon) : Prix relatifs des matières premières et développement. Paris 1982, de la page 79 à 90. On peut consulter sur ce même point R. NURSKE qui dans la polémique sur "la dégradation séculaire des termes de l'échange" a développé une explication en 6 points in "Les problèmes de la formation du capital dans les pays sous-développés". CUJAS 1968, de la page 163 à 172.