Conclusion du chapitre.

La politique algérienne de l'endettement reposait sur le pari, à long terme, consistant à construire un système productif capable de se passer de la rente et de la dette lesquelles, à court et moyen termes, devaient être articulées pour financer et faire émerger ce même système productif. Dans le mode de développement, dessiné dés la fin des années soixante, l’exportation des biens industriels ne figurait pas parmi les objectifs de la stratégie. On pensait alors échapper à l’intégration au marché mondial dont il fallait par ailleurs s’accommoder durant un temps. Dans ces conditions, les pouvoirs publics prenaient implicitement le risque de faire dépendre la construction du système productif directement et indirectement du seul secteur des hydrocarbures.

Pour approcher la mesure de la rente, nous avons utilisé la valeur ajoutée des hydrocarbures, l'effet des termes de l'échange et, enfin, la fiscalité des hydrocarbures. Ces trois façons d'approcher le problème, malgré les différences dans les résultats, montrent les mêmes tendances. Après une longue période, marquée par des conditions de partage de la rente et d’endettement globalement favorables, l’Algérie entre dans une phase où il lui devient difficile, voire impossible, de concilier les impératifs de transfert vers le reste du monde et de croissance économique.

Avec le "contre-choc pétrolier" semble s'enclencher une autre logique entre la rente et la dette. Elles ne constituent plus le complément de l'une à l'autre pour financer l'accumulation. En refluant vers les créanciers, la rente finance la dette. Faute d’un financement national suffisant, venant en substitution à l’une et l’autre, l’économie algérienne entre dans une phase d’ajustement récessif.