1.1.3 - L'effet d'une amélioration exogène des termes de l'échange.

L'hypothèse d'une amélioration exogène des termes de l'échange n'est pas contradictoire avec celle du "petit pays" puisqu'il est impossible pour ce dernier d'influencer les prix internationaux.

Contrairement aux cas précédents où les possibilités de production du secteur exportateur s'élargissaient sous l'effet d'une incorporation du capital ou du progrès technique, l'amélioration des termes de l'échange laisse inchangées les possibilités de production. La hausse du prix relatif du bien exporté conduit cependant à certaines modifications de l'équilibre que la figure n° 2 permet d'étudier.

L'amélioration des termes de l'échange se traduit par une élévation du revenu national. Le bien être s'améliore de C1 à C2. La hausse du prix relatif de X2 permet au secteur 2 d'augmenter sa production en ponctionnant le secteur 1 en capital et en travail. Ce dernier secteur devra accepter une baisse de sa production pour ajuster la productivité des facteurs à leurs nouvelles rémunérations. Il s'agit en fait d'un cas de spécialisation classique. Si le secteur 2 est relativement intensif en capital, il devra accepter une hausse de la rémunération du capital relativement plus élevée que celle du travail et ce, en raison de la hausse de sa demande, relativement plus élevée pour le premier par rapport au second. La nouvelle répartition sectorielle de la production induit un élargissement du commerce extérieur. L'offre d'exportation s'accroît suite à l'augmentation de la production de X2 et la demande d'importation suite au recul de la substitution d'importation.

Au terme de ce bref rappel sur les instruments théoriques de base du modèle du "dutch disease", nous pouvons retenir les points suivants :

• les chocs exogènes ont toujours des effets positifs puisqu'ils se traduisent par une hausse du bien-être. Est-il possible alors de parler de maladie si l'on ne prend en compte que le critère du revenu ? Cet enseignement est peu compatible avec la problématique du "dutch disease" dont l'objet est de montrer les effets pervers d'une augmentation brutale des recettes d'exportation. La référence au bien être, même si elle n'est pas complètement abandonnée, est complétée par d'autres critères d'appréciation ;

• les deux biens retenus par le modèle de base sont par définition échangeables puisqu'il s'agit d'exportables et d'importables. L'existence d'un secteur public et privé abrité dont les prix ne dépendent pas du marché mondial est par conséquent ignorée. Les ajustements sectoriels de la production et ceux relatifs à la rémunération des facteurs se déroulent exclusivement entre exportables et importables à prix internationaux donnés ;

• la structure sectorielle retenue par le modèle ne prend pas en charge les distorsions résultant des prix relatifs nationaux. De ce fait, le rôle du taux de change réel, comme variable d'ajustement, est complètement évacué ;

• la structure sectorielle très agrégée fait que les effets immédiats du boom sont élargis à l'ensemble des exportables. Il est difficile d'imaginer dans la réalité un progrès technique ou une amélioration des termes de l'échange touchant l'ensemble des exportables à moins de considérer une pure mono - exportation.

Sans abandonner les hypothèses de base, le modèle du "dutch disease" proprement dit va en introduire d'autres qui lui donneront un certain réalisme.