1.3 - Les enseignements du modèle pour l'Algérie.

D'après le modèle exposé ci-avant, l'augmentation des recettes pétrolières provoquent un relâchement de la contrainte extérieure sans pour autant constituer par elle-même un facteur de développement. L'amélioration spectaculaire des termes de l'échange des pays exportateurs de pétrole leur a permis de disposer d'importantes ressources financières. Paradoxalement, l'utilisation de ces ressources est à l'origine de graves distorsions de leurs systèmes productifs. Les secteurs manufacturier et agricole sont relativement handicapés alors qu'ils constituent les seuls secteurs réels du développement. Les secteurs de la construction et des services sont en revanche dopés par l'injection de la rente dans l'économie.

Le modèle du "dutch disease" a le mérite de poser le problème du développement d'une autre manière. Celui-ci ne saurait relever du seul capital-argent. L'amélioration des termes de l'échange, objet de lutte des pays en voie de développement, n'est pas désirable en soi puisqu'elle devient source de distorsions. Celles-ci relèveraient des difficultés à absorber de façon productive la rente pétrolière. La séquence d'ajustement commence par une hausse du taux de salaire réel et se termine par une appréciation du taux de change réel. Symétriquement, on peut considérer que le modèle soutient qu'une détérioration des termes de l'échange se traduirait par une baisse des salaires et une baisse du taux de change réel (dépréciation). Pourrait-on parler alors d'une "pro-industrialisation" et d'une "pro -agriculturisation", soit d'un "contre dutch disease?»

Les effets du "dutch disease" semblent relever de la fatalité. Celle-ci est liée aux hypothèses et aux effets qui en résultent mécaniquement. L'alternative proposée indirectement par le modèle, du moins sur le plan théorique, est qu'un niveau de bien être plus bas associé à une structure productive équilibrée est préférable à un niveau de bien être plus élevé s'accompagnant des effets du "dutch disease".

Qu'en est-il dans la réalité ? Un certain nombre d'études308 ont été consacrée au phénomène du "dutch disease". Les résultats nous semblent ambigus. On n'y trouve pas systématiquement les effets prévus par le modèle. Les réactions à la hausse des revenus pétroliers ont été diverses par certains côtés et similaires par d'autres. La structure du PIB sur la période de 1960 à 1981 montre que :

Qu'en est-il du cas de l'Algérie ? Comment l'économie algérienne s'est elle ajustée aux chocs pétroliers ? Pour répondre à ces interrogations, il nous faut examiner successivement les points suivants :

Notes
308.

Cf ; a)A. GELB et P. COMWAY, windfalls in a socialist economy, doc. Banque Mondiale,1986 et

b) A. SID AHMED, ouvrage op. cité.