Nous avons déjà noté plus haut que la section des biens d'équipement a été négligée sur toute la période. Au-delà de ce constat, était-elle prête à recevoir les investissements nécessaires ? Autrement dit, le préalable concernant la demande, les capacités de réalisation et de construction d'un collectif de travailleurs a-t-il été résolu ou non. Les études dans ce domaine sont rares exceptées la thèse de S.P. THIERRY 323 et la contribution du CREAD 324. Il est unanimement acquis que le développement de la section des biens d'équipement aurait été incompatible avec les données structurelles de l'Algérie avant la fin des années soixante-dix. Une telle entreprise aurait supposé un marché, des capacités de réalisation et des ressources humaines dont l'Algérie ne disposait pas à cette époque.
Nature des besoins | Produits | Taux de couverture des besoins par les capacités (%) | |
Intégration Intersectorielle |
Biens intermédiaires |
Produits sidérurgiques | 50 |
Ciment.. | 76 | ||
Produits rouges | 67 | ||
Sanitaire | 100 | ||
Peintures et vernis | 93 | ||
Produits chimiques | 27 | ||
Engrais | 80 | ||
Biens d'équipement |
Machinisme agricole | 60 | |
Engins de TP | 19 | ||
Câbles | 56 | ||
Lampes | 87 | ||
Véhicules utilitaires | 49 | ||
Matériel ferroviaire.. | 40 | ||
Intégration intersectorielle |
Biens Intermédiaires |
Minerais de fer | 100 |
Aciers spéciaux. | - | ||
Aluminium | - | ||
Cuivre | - | ||
Zinc | 100 | ||
Biens d'équipement |
Machines outils | 20 | |
Electro/mécanique | 10 | ||
Charpente. | 50 | ||
Câbles | 56 | ||
Source : S.P. THIERRY, op. cité, p. 160. |
On estime qu'entre 1962 et 1980 toutes les filières industrielles principales ont été installées à ‘"l'exception de cinq exceptions notoires dont il était prévu qu'elles fassent l'objet de réalisation entre 1980 et 1985. Il s'agit des secteurs de biens d'équipement électromécaniques lourds, les équipements informatiques, les filières aluminium et aciers spéciaux et enfin les véhicules particuliers ».’ 325
Les données concernant l'industrie de base montrent, en effet, que malgré l'importance des capacités installées, la demande ne fait pas défaut ; d'où le besoin d'une intensification par le développement de la section des biens d'équipement.
Les chiffres précédents attestent que les capacités installées avant 1980 sont en mesure de couvrir l'essentiel des besoins d'intégration intersectoriels (BTP, agriculture, transport et infrastructure). L'effort reste à faire pour satisfaire la demande liée à l'intégration intra - sectorielle. Le secteur industriel n'est pas en mesure de produire ses propres biens d'intégration (biens intermédiaires et biens d'équipement).326
Il y a cependant une différence entre les capacités installées qui donnent la mesure des potentialités théoriques et ce qui est produit réellement avec ces mêmes capacités. Toujours du point de vue théorique, la nature des installations suggère que la construction du système productif soit parvenue à la fin d'une première phase. On s'attend par conséquent à ce que soient engagés les ajustements nécessaires, soit la seconde phase durant laquelle l'essentiel des moyens de reproduction de ce même système serait assumé par lui-même.
Pour que les potentialités deviennent réalité, il faut lever au préalable tous les blocages structurels qu'ils soient d'ordre institutionnel, technique, comportemental ou autres. Le sont-ils en Algérie ? Il n'est pas dans notre intention d'entreprendre une étude systématique de tous ces facteurs. L'étude de la productivité des facteurs nous permettra certainement d'approfondir la question.
S.P. THIERRY, op. cité.
CREAD : Biens d'équipement et industrialisation en Algérie, CREAD, Alger, 1982
S.P. THIERRY, op.cité, p.160
Idem, p. 160.