2.1.2 - Les difficultés d'émergence de la section des biens d'équipement.

Nous avons déjà noté plus haut que la section des biens d'équipement a été négligée sur toute la période. Au-delà de ce constat, était-elle prête à recevoir les investissements nécessaires ? Autrement dit, le préalable concernant la demande, les capacités de réalisation et de construction d'un collectif de travailleurs a-t-il été résolu ou non. Les études dans ce domaine sont rares exceptées la thèse de S.P. THIERRY 323 et la contribution du CREAD 324. Il est unanimement acquis que le développement de la section des biens d'équipement aurait été incompatible avec les données structurelles de l'Algérie avant la fin des années soixante-dix. Une telle entreprise aurait supposé un marché, des capacités de réalisation et des ressources humaines dont l'Algérie ne disposait pas à cette époque.

Tableau n° 52 : Comparaison des capacités aux besoins en biens intermédiaires et en biens d'équipement en 1980.
Nature des besoins Produits Taux de couverture des besoins par les capacités (%)

Intégration
Intersectorielle

Biens
intermédiaires
Produits sidérurgiques 50
Ciment.. 76
Produits rouges 67
Sanitaire 100
Peintures et vernis 93
Produits chimiques 27
Engrais 80

Biens
d'équipement
Machinisme agricole 60
Engins de TP 19
Câbles 56
Lampes 87
Véhicules utilitaires 49
Matériel ferroviaire.. 40

Intégration
intersectorielle

Biens
Intermédiaires
Minerais de fer 100
Aciers spéciaux. -
Aluminium -
Cuivre -
Zinc 100

Biens
d'équipement
Machines outils 20
Electro/mécanique 10
Charpente. 50
Câbles 56
Source : S.P. THIERRY, op. cité, p. 160.

On estime qu'entre 1962 et 1980 toutes les filières industrielles principales ont été installées à ‘"l'exception de cinq exceptions notoires dont il était prévu qu'elles fassent l'objet de réalisation entre 1980 et 1985. Il s'agit des secteurs de biens d'équipement électromécaniques lourds, les équipements informatiques, les filières aluminium et aciers spéciaux et enfin les véhicules particuliers ».’ 325

Les données concernant l'industrie de base montrent, en effet, que malgré l'importance des capacités installées, la demande ne fait pas défaut ; d'où le besoin d'une intensification par le développement de la section des biens d'équipement.

Les chiffres précédents attestent que les capacités installées avant 1980 sont en mesure de couvrir l'essentiel des besoins d'intégration intersectoriels (BTP, agriculture, transport et infrastructure). L'effort reste à faire pour satisfaire la demande liée à l'intégration intra - sectorielle. Le secteur industriel n'est pas en mesure de produire ses propres biens d'intégration (biens intermédiaires et biens d'équipement).326

Il y a cependant une différence entre les capacités installées qui donnent la mesure des potentialités théoriques et ce qui est produit réellement avec ces mêmes capacités. Toujours du point de vue théorique, la nature des installations suggère que la construction du système productif soit parvenue à la fin d'une première phase. On s'attend par conséquent à ce que soient engagés les ajustements nécessaires, soit la seconde phase durant laquelle l'essentiel des moyens de reproduction de ce même système serait assumé par lui-même.

Pour que les potentialités deviennent réalité, il faut lever au préalable tous les blocages structurels qu'ils soient d'ordre institutionnel, technique, comportemental ou autres. Le sont-ils en Algérie ? Il n'est pas dans notre intention d'entreprendre une étude systématique de tous ces facteurs. L'étude de la productivité des facteurs nous permettra certainement d'approfondir la question.

Notes
323.

S.P. THIERRY, op. cité.

324.

CREAD : Biens d'équipement et industrialisation en Algérie, CREAD, Alger, 1982

325.

S.P. THIERRY, op.cité, p.160

326.

Idem, p. 160.