2.2.1 - La productivité du capital.

Les études de la Banque Mondiale, de A. BENHACHENHOU et de C. PALLOIX constituent nos seules sources. Malgré leur différence d'approche, elles montrent toutes une tendance continue à l’alourdissement de la croissance économique. Il faut toujours investir plus pour obtenir un dinar supplémentaire de produit.

La série de la Banque Mondiale qui donne le coefficient marginal du capital, rapport entre l'accroissement du capital (investissement) et celui de la valeur ajoutée, sur une moyenne de cinq années, donne les résultats suivants :

Tableau n° 53 : Evolution du coefficient marginal du capital (1975-1985).
1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985
FBCF/PIB en % 45 43 47 52 43 39 37 37 38 35 35
ICOR (1) 4 3 5 4 5 6 7 7 8 6 6
Croissance PIB/hbt en % 1,9 5,1 2 5,7 4,6 - 2,1 0,1 3,2 1,9 2,2 2,3
Source : Banque Mondiale, La transition vers une économie de marché, Sept. 1993, p. 1.
(1) Incremental capital output ratio (k/y).

La tendance à la hausse du coefficient marginal du capital s'accentue paradoxalement à partir de 1980 alors que l'économie, comme nous l'avons noté plus haut, est théoriquement prête à dépasser les goulots d'étranglement qui accompagnent la phase de démarrage. La baisse du taux d'investissement, s'accompagnant d'une hausse de l'ICOR, signifie que le système productif éprouve des difficultés à réaliser les capacités théoriques des équipements installés durant la décennie soixante-dix. Le niveau élevé de la croissance du PIB, obtenu durant cette période, est donc le fait d'une injection massive et continue du capital et non d'une exploitation intensive des équipements installés. L'Etat a pu financer cette croissance sur la rente pétrolière et l'endettement lequel commençait à être menaçant dès la fin des années soixante-dix. La Banque Mondiale note, à juste titre, qu'avec un niveau d'investissement aussi élevé, le taux de croissance du PIB aurait dû être plus important. De plus de 3 % dans les années soixante-dix, le taux de croissance du PIB par habitant est passé à environ 2 % seulement durant la première moitié des années quatre-vingts 327.

A. BENACHENHOU 328 et C. PALLOIX 329 débouchent sur les mêmes résultats, le premier en calculant l'efficacité marginale de l'investissement et le second en rapportant le produit industriel au stock de capital.

La réalité nous éloigne du schéma théorique selon lequel le choix des industries lourdes a pour souci essentiel de gagner du temps en enjambant la phase de croissance extensive propre au modèle historique. A la fin de 1985, l'Algérie détient un ensemble industriel dont elle n'arrive pas à réaliser encore les capacités théoriques. Le sous-emploi de ces dernières a pour effet une surutilisation de la rente pétrolière et corrélativement un endettement coûteux. Nous reviendrons sur ce point après que nous ayons traité la question de la productivité du travail.

Notes
327.

Banque Mondiale : La transition vers une économie de marché, sept. 1993, p.2

328.

A. BENACHENHOU : Planification et développement en Algérie (1962-1980), Alger, p. 268.

329.

C. PALLOIX, op. cité, p. 542