Section 3 : Les paradoxes de la rente administrée.

Le projet algérien de développement est lié, dès le départ, à une forte présence de l'Etat. La nationalisation des hydrocarbures et le retournement du rapport de force entre les pays producteurs et consommateurs, pour le partage de la rente, allaient naturellement renforcer cette présence.

La nature et l'importance des ressources qu'il va mobiliser et gérer le font apparaître comme un administrateur de la rente plus que tout autre chose. A la rente pétrolière qu'il capte directement sur le marché mondial, il adosse un emprunt extérieur et intérieur pour financer un ambitieux programme de développement. Rente et ressources garanties par elle lui permettent alors de se soustraire aux difficiles arbitrages entre les aspects économiques et sociaux qui accompagnent naturellement tout processus d'accumulation dans sa phase de démarrage. La démarche adoptée est consensuelle. Elle consiste à préserver les larges masses des coûts humains de développement.

N'engageant pas la société pour leur production, du moins dans le court et moyen termes, ces mêmes ressources vont conférer à l'Etat un pouvoir étendu, voire une large autonomie vis- à- vis de la société. Le volontarisme dont son action porte l'empreinte en est l'expression. Ce dernier s'interprète aussi, dans le cas algérien, comme l'abandon à toute référence doctrinale y compris celle que l'Etat, lui-même, a arrêtée à la fin des années soixante.

L’objet de cette section est de relever quelques contradictions liées à la gestion administrée de la rente. Nous tenterons, pour cela, de préciser les fondements de l'Etat - entrepreneur en Algérie. La mise en place des mécanismes de l'économie d'endettement figurera comme premier paradoxe et le développement de l'économie informelle comme le second.