3.3.2 - De quelques spécificités de l'informel algérien.

L'existence d'une économie informelle n'est pas spécifique aux sociétés centralement dirigées. L'expérience montre qu'elle existe même dans celles qui sont régulées par le marché. C'est au niveau du fonctionnement que les différences apparaissent. Celles-ci existent même quand il s'agit de deux sociétés régulées par le centre. Tout dépend de la nature des revenus que l'économie informelle redistribue.

Dans une société régulée par le marché, les entreprises de production ou de distribution informelles pratiquent des prix inférieurs à ceux du marché officiel. Elles disposent de peu de capitaux et exploitent l'excès d'offre de main d'oeuvre à un taux de salaire inférieur à celui du marché. Ce faisant, elles trichent avec le fisc et sur les droits sociaux de leurs employés mais satisfont en revanche la partie de la demande non solvable aux prix du marché officiel. Elles participent donc à l'accroissement de la production et à la couverture des besoins d'une partie de la population.

En Algérie, comme dans toutes les économies régulées par le centre, l'informel pratique des prix nettement supérieurs à ceux du marché officiel. Il est très peu présent dans la production pour ne pas dire absent. A ce titre, il est parasitaire. Il triche avec le fisc tout en érodant le pouvoir d'achat du consommateur. On ne peut comparer non plus la situation de l'Algérie avec celle des anciens pays de l'est. La première raison tient au volume des transactions, sans commune mesure, que réalisé l'informel algérien et la seconde à la nature du revenu transféré par le canal. En Algérie, une partie importante de celui-ci correspond à la rente, soit la ressource sur laquelle le pays avait gagé le financement de son accumulation.

Dans le projet doctrinal, la rente apparaissait comme un facteur consensuel pour des raisons que nous avons déjà évoquées. En l'administrant, les pouvoirs publics ont objectivement initié l'économie informelle. Les conflits qui ont entouré son appropriation ont petit à petit redessiné le paysage social. Les plus faibles devront supporter les coûts présents et futurs de l'endettement. Les plus forts, ceux qui ont tiré profit de la gestion administrée, vont, à la faveur de l'ajustement structurel, pouvoir se repositionner dans l'économie formelle, cette fois-ci.