1.2 - L'Algérie sous ajustement structurel.

La nécessité de l'ajustement s'imposait de fait dès 1986. L'excès structurel de la demande sur l'offre a pu être comblé par le passé grâce à un endettement facile, gagé sur la rente pétrolière à court et moyen terme et sur les résultats attendus de la venue à maturité du système productif dans le long terme. Le contre-choc pétrolier eût pour effet immédiat de durcir la contrainte extérieure de l'Algérie et de mettre en évidence, par conséquent, le gap entre l'offre et la demande intérieure. L'alternative d'un ajustement sous la houlette du Fonds Monétaire International se dessine alors peu à peu à en juger par la nature des réformes initiées dès 1988.

A l'heure actuelle, l'Algérie a négocié quatre accords de confirmation avec le Fonds Monétaire International. Les deux derniers sont soutenus par des rééchelonnements qui ont eu pour effet de libérer d'importantes ressources financières. En échange, ce dernier a exigé la mise en oeuvre de sa conditionnalité dont le contenu pourrait être ramené à un seul principe : installer une économie de marché. La relance de l'offre ne pouvant être l'oeuvre du court terme, l'action portera sur la demande dont la réduction s'accompagnera fatalement d'une récession dans le court et moyen terme.

Pour un pays comme l'Algérie dont l'économie a été administrée durant longtemps, il s'agit d'une véritable de transition. Il s'agit purement et simplement d'abandonner une économie pour en construire une autre progressivement. L'Etat entrepreneur et providence va devoir s'occuper de la régulation macro-économique. Il devra soumettre une partie importante de son propre patrimoine à la sanction du marché, en le restructurant ou en le liquidant. Sur le plan formel, les réformes institutionnelles mettent fin à ses droits de gestionnaire direct et régalien. Les lois sur l'autonomie, la privatisation et celle relative à la monnaie et le crédit en témoignent. Il devra vivre des ressources de l'impôt et de l'emprunt dont le coût lui échappera désormais. L'amenuisement de la fiscalité pétrolière et les changements initiés par les réformes et les programmes de l'ajustement structurel mettent en évidence la contrainte qui pèse sur les ressources de l'Etat tout comme elles mettent en évidence comment cette dernière va être reportée sur l'économie et la société lesquelles ont vécu jusque-là à l'ombre de la rente pétrolière.

Nous ne disposons que d'informations partielles sur l'ensemble des programmes négociés avec le Fonds Monétaire International. Elles concernent essentiellement le dernier "stand by" et l'accord élargi. Ces deux accords font suite au relâchement, dès le début de l'année 1992, de l'effort d'ajustement entrepris depuis 1989. La déprime du marché pétrolier en 1993 a resserré davantage la contrainte sur les ressources extérieures et prive, par conséquent, le retour à des politiques économiques "nationalistes" d'un moyen essentiel.

Le niveau atteint par le service de la dette, à la fin de l'année 1993, contraint les autorités à faire connaître leur intention de rééchelonner la dette extérieure. L'accord "stand by" se donnait pour objectif de stabiliser le cadre macro-économique sur la période allant d'Avril 1994 à Mars 1995 avant de s'ouvrir sur un programme plus long lequel couvrirait la période allant d'Avril 1995 à Mars 1998.

Afin d'alléger l'exposé, nous classerons les principales mesures inscrites dans les critères de réalisation en fonction de leur nature. Elles relèvent des plans budgétaire, monétaire et structurel.