2.2.2 - Chômage et compression des effectifs.

Aux effets d'une demande de travail structurellement incapable d'absorber la nouvelle offre sont venus se surajouter ceux de la récession depuis 1986 et ceux de la compression des effectifs faisant suite aux mesures de restructuration des entreprises.

Le taux de chômage est passé de 23,2 % en 1993 à 28,3 % en 1996, soit une progression de plus 5 points (cf. tableau n°65). Sa structure montre que ce sont les catégories les plus jeunes de la population qui y sont le plus exposées. Le taux de chômage est évalué à 63,5 % pour la tranche des 16-19 ans et à 55,6 % pour celle des 20-24 ans. Les chômeurs n'ayant jamais travaillé représentent 75 % du volume global 440.

L'année 1996 s'est soldée par une création nette d'emploi de 166.000 contre 169.000 en 1995, alors que l’offre additionnelle s'est élevée à 300.000 et 260.000 respectivement.

Selon le CNES, le nombre cumulé de travailleurs ayant fait l'objet de compression pour raison économique se situe à plus de 68.500 pour les années 1995 et 1996 dont plus de 19.700 pour cette dernière année441. Le bilan du chef du Gouvernement pour 1996 annonce une compression supplémentaire de 130.000 pour la période 1997-1998442. L'alourdissement du bilan des compressions sera probablement dû au fait que la restructuration devra toucher les entreprises d'envergure nationale durant les années 1997-1998. Selon ECOTECHNICS, 423 entreprises ont déjà fait l'objet de compression, à fin 1996, dont 222 dans le BTP, 97 dans les services, 73 dans l'industrie et 31 dans l'agriculture.

L'assurance chômage et la retraite anticipée sont les deux formules retenues jusqu'ici pour traiter la compression du personnel. 72 % des cas bénéficiaient théoriquement de la première situation au 30 juin 1996. Dans la réalité, seulement 24.477 cas ont été traités par rapport aux 307.992 cas relevant de cette situation dont 1.144 en fin de droit. Le montant et la durée d'indemnisation s'élèvent en moyenne à 19 mois et 4.677 dinars par mois443.

A ces mesures, touchant directement le personnel compressé, viennent s'ajouter d'autres destinées à lutter contre le chômage : la création de coopératives de jeunes (artisanat, petite industrie et services) et l'emploi salarié d'initiative locale (ESIL).

Du début 1995 à juin 1996, 6.100 coopératives ont été créées. La capacité d'emploi est de 2,5 personnes en moyenne. La formule ESIL permet d'occuper des jeunes travailleurs sur une période allant de 6 à 12 mois. Sur la même période, la formule a permis de créer 209.000 emplois dont 1,6 % seulement sont permanents.

Il va sans dire que l'effet de ces deux mesures est négligeable quand on le compare au volume du chômage ou à la simple partie de l’offre supplémentaire qui y est versée annuellement. Ces deux formules ressemblent davantage à des expédients qu'à une création réelle d'emploi. Une partie des coopératives recensées est toute théorique compte tenu des problèmes de financement auxquels elles doivent faire face. En effet, elles doivent réunir une partie de ce dernier sur fonds propres et s'adresser au système bancaire pour l'autre partie. Les emplois ESIL sont mal connus quant à eux. La rémunération consentie pour ce genre d'emploi, moins de 3.000 dinars, révèle le peu d'intérêt de cette formule.

La définition du chômage adoptée assimile revenu à occupation. Cela est partiellement incorrect dans le cas de l'Algérie puisque le revenu d'une partie de la population en âge de travailler, certes mal connue mais non négligeable, provient de l'économie informelle. La progression de la libéralisation et la réduction corrélative, voire la quasi-élimination de l'informel, posera le problème du chômage dans sa véritable dimension. Les solidarités familiales, évoquées très souvent, finiront par beaucoup moins jouer compte tenu du durcissement de la contrainte budgétaire du salarié.

Notes
440.

CNES : Rapport sur la conjoncture du second semestre 1996, p. 53.

441.

idem. P. 54

442.

Cité par ECOTECNICS, op. cité, p. 34

443.

CNP, op. cité, p. 20