2.2.3 - Le filet social.

L'idée du filet social a fait son apparition suite aux effets de déstabilisation sociale provoqués par les mesures de l'ajustement structurel. Depuis, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale acceptent l'idée d'un filet social. Elle consiste à substituer aux différentes formes de soutien des prix, implicites et explicites, une action aux seules catégories sociales les plus défavorisées. Les buts recherchés sont : un rétablissement des prix dans leur rôle allocatif des ressources, une diminution des dépenses de l'Etat et une meilleure justice sociale.

En Algérie, la libéralisation des prix qui s'est accélérée depuis 1991, entretenue par la dévaluation franche du dinar, intervenue cette même année, ont poussé les pouvoirs publics à imaginer un dispositif social pour contenir les effets de l'inflation sur les catégories les plus exposées. Le filet social, mis en oeuvre dès février 1992, consistait à octroyer444 :

Certaines sources indiquent que 14 millions de personnes ont fait l'objet de soutien à ce titre avant 1994. Pouvait tirer avantage de ce système une partie de la population faisant formellement partie des catégories ciblées sans qu'elle soit réellement nécessiteuse du fait des revenus, quelquefois très substantiels, qu'elle mobilise dans l'économie informelle.

Depuis la conception du filet social s'est affinée en faisant notamment la distinction entre les personnes nécessiteuses capables de fournir un effort en contrepartie de l'indemnité qui leur sera versée et les autres. Le filet social se limite aujourd'hui à verser une allocation forfaitaire de solidarité (AFS) aux personnes nécessiteuses du troisième âge et aux handicapés, d'une part, et une indemnité dite d'activité d'intérêt général (IAIG) aux jeunes chômeurs d’autre part. Le montant s'élève à 600 dinars par mois augmenté de 120 par personne à charge jusqu'à concurrence de trois personnes pour la première formule et à 2.100 dinars pour la seconde. Ces montants ont été augmentés à 900 dinars et 2.800, respectivement, en 1996.

On peut remarquer la faiblesse du niveau des indemnités versées comparativement à la dégradation du pouvoir d'achat tout en s'interrogeant sur l'efficacité d'un tel système compte tenu de l'opacité qui entoure la question des revenus en Algérie.

D'après le CNES, plus de 2,1 millions de personnes, y compris celles à charge, ont bénéficié de ce système en 1995. Une opération consistant à assainir les listes des bénéficiaires de l'AFS et à octroyer des quotas par wilaya a réduit ce nombre à moins de 1,8 millions de personnes en 1996445.

Notes
444.

A. BENBITOUR , op. cité, p. 95.

445.

CNES : Rapports 1995 et 1996, op. cité.