c - Identification du prestataire

Le client ne pouvant comparer les prestations va chercher à comparer les cabinets. En fait, l'idéal serait de pouvoir comparer les consultants car les compétences des cabinets sont d'abord celles des consultants. Mais comment évaluer les consultants ? Difficile de répondre, c'est pourquoi le client va se retourner vers l'entreprise prestataire.

Bien évidemment le cabinet universel qui prétendrait résoudre l'infinie variété des problèmes posés n'existe pas. Choisir le bon cabinet est une étape difficile et délicate. ‘"(...) il n'y a pas de cabinet qui soient «définitivement de qualité» et d'autres non, il y a des cabinets qui sont plus prédisposés que d'autres à accomplir des missions correspondant à telle ou telle équation de l'entreprise."’ (Rapport du Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie 1998, p. 83). Autrement dit, il n'y a pas d'indicateur universel qui renseignerait l'entreprise dans son choix de cabinet.

Le couple cabinet conseil/marché a des difficultés à se trouver, d'autant plus que les clients ont parfois des problèmes pour définir leurs propres besoins. Généralement les entreprises (et notamment les PME-PMI) ont du mal à présélectionner les cabinets de conseil, parce qu'elles ne les utilisent que rarement ou parce qu'elles ne sont pas des acheteurs avertis140. Étant donné que les prix ne transmettent pas une information transparente, la concurrence va se faire sur d'autres critères. Par exemple, les cabinets vont chercher à envoyer divers signaux (J. DE BANDT 1995) :

Tous ces signaux sont là pour rassurer le client, pour motiver son choix mais aucun n'élimine totalement les incertitudes quant au succès de la prestation. D'une manière générale, très peu de cabinets ont une communication simple fondée sur leurs vraies forces et ciblée sur un marché spécifique, en fonction de leur axe de développement. A l'inverse, une bonne appréciation de ce qu'ils sont, est très importante pour leur marché et pour tous les autres acteurs tels que C.C.I., syndicats professionnels... Les cabinets auraient tout intérêt à se définir en termes plus précis et plus réalistes, cela augmenterait leur crédibilité et leur lisibilité. Mais comment s'auto-évaluer quand il n'y a pas de référentiel en la matière, et pourquoi le faire alors que l'ensemble des offreurs ne le fait pas ?

D'autres interrogations planent côté client : le prestataire ne force-t-il pas la vente de nouvelles prestations (vente forcée) ? A-t-il réellement les moyens et le temps de la mission ? Certains jeunes cabinets "opportunistes" ne cherchent-ils pas à saisir tous les appels d'offre qui se présentent ?

Le client doit donc d'un côté repérer les "gentils amateurs" qui n'ont rien à faire dans ce métier et qui finalement ternissent l'image du conseil, et de l'autre différencier les conseils entre eux, c'est-à-dire distinguer ceux qui sont plus adaptés que d'autres dans certaines situations. Mais que faut-il privilégier dans son choix : une logique de relations personnelles (s'appuyer sur l'avis de confrères...), une logique de métier (et de langage) ou encore une logique de réputation et de notoriété (C. SAUVIAT, V. PEYRACHE 1994) ?

Notes
140.

Ce n'est pas vraiment le cas pour les grandes entreprises clientes qui mettent quasi-systématiquement en concurrence les sociétés de conseil : "(...) la capacité du conseil à présenter des expériences réussies, des références dans le même secteur économique ou dans la résolution de problèmes analogues est une condition nécessaire ; les propositions d'intervention doivent être précises à la fois sur les objectifs de l'intervention, la démarche et les conditions contractuelles" (A. LEGENDRE 1987, p. 78).

141.

Selon J.-B. HUGOT (1993), les gros cabinets comme les petits présentent des avantages et des inconvénients.

Les avantages des gros cabinets :

- la diversité des expériences, notamment dans plusieurs pays ;

- la capacité de mener des missions internationales ;

- la polyvalence et la pluridisciplinarité pour couvrir de nombreux domaines ;

- leurs méthodologies et produits (R&D importante) ;

- une grande homogénéité des prestations de par un contrôle interne développé, une formation importante, des méthodes très structurées... ;

- la disponibilité, c'est-à-dire la capacité de mobiliser des équipes importantes rapidement ;

- la pérennité financière et managériale.

Les inconvénients des gros cabinets :

- une tendance à des interventions lourdes et longues ;

- un manque de connaissance des PME/PMI et d'adaptation à leurs besoins ;

- des interlocuteurs spécifiques pour le domaine commercial et pour la réalisation de la mission ;

- la multiplicité des interlocuteurs, résultat de la spécialisation des consultants.

Les avantages des petits cabinets :

- leur proximité (géographique, humaine...) ;

- leur forte adaptabilité ;

- l'identification rapide du responsable de l'intervention ;

- la personnalisation des relations ;

- l'obligation de réussir chaque mission.

Les inconvénients des petits cabinets :

- leur moindre disponibilité ;

- une limitation à une ou quelques spécialités ;

- une moins grande connaissance des nouveautés du management (international par exemple) ;

- l'impossibilité d'agir sur une grande échelle.