2 - Les ouvertures

Dans les années 60, des tentatives ont été réalisées pour essayer d'ouvrir la "boîte noire" de l'entreprise. Nous nous inspirons dans ce passage de la présentation faite par B. CORIAT et O. WEINSTEIN (1995).

a - W. J. BAUMOL et la séparation d'intérêt entre dirigeant et actionnaire

Dans cette première tentative, il s'agit de prendre en compte le décalage possible des intérêts entre les propriétaires (ou actionnaires détenant le capital de la compagnie) et les dirigeants (ou managers, salariés de la firme et en charge de la conduite réelle des affaires et des décisions), ce qui peut entraîner des conflits entre ces deux parties191. W. J. BAUMOL (1959) va montrer que l'objectif suivi par les managers sera souvent de maximiser non pas le profit mais le chiffre d'affaires global de l'entreprise, dès lors que leur revenu et leur prestige sont davantage dépendants de cette dernière valeur192. Plus tard, en 1967, il va remplacer l'hypothèse de maximisation des ventes par celle de maximisation du taux de croissance des ventes (vision plus dynamique du comportement de l'entreprise). Dès lors, ‘"(...) la maximisation du profit n'est plus l'hypothèse unique et obligée"’ (B. CORIAT et O. WEINSTEIN 1995, p. 19).

Cette première tentative cherche donc à donner plus d'épaisseur à la firme en prenant en compte, dans la firme, des groupes d'individus différents (et non plus seulement un seul, le propriétaire-entrepreneur) qui poursuivent des objectifs différents (et plus seulement un seul). Par conséquent, l'entreprise, constituée d'individus variés, ne poursuit plus une seule logique ; le postulat unique de maximisation du profit est donc relâché.

Notes
191.

Ces divergences d'intérêt avaient déjà été soulignées par A. A. BERLE et G. C. MEANS en 1932.

192.

"Les salaires des hauts dirigeants apparaissent comme bien plus étroitement liés à l'échelle des opérations de la firme qu'à sa profitabilité" (W. J. BAUMOL 1959, p. 46).