Conclusion A

Ces différentes approches amènent à une vision de la firme beaucoup plus réaliste que dans la théorie standard. Les travaux de W. J. BAUMOL mettent l'accent sur la séparation des intérêts des membres de la firme et conduisent à relâcher le postulat de maximisation du profit. H. A. SIMON cherche à montrer que les individus ne savent pas tout, ils ne sont pas omniscients, leur rationalité n'est pas parfaite mais limitée. La théorie béhavioriste s'attache à montrer que la firme est constituée de coalition de groupes qu'il faudra veiller à satisfaire de façon à ce qu'ils "servent" efficacement la firme. L'analyse de H. LIEBENSTEIN s'efforce de lier la productivité de la firme à l'"efficience-X", c'est-à-dire à l'organisation de la firme, aux relations internes. Pour terminer ce rapide panorama, A. D. CHANDLER s'inscrit dans une perspective historique et souligne l'importance des évolutions des structures productives et des capacités organisationnelles dans la compréhension de l'entreprise.

Globalement, ces quatre tentatives d'ouverture nous amènent à tenir compte du fait que l'information n'est pas parfaite : des "pièces" d'information ne sont pas disponibles ou sont erronées ou encore sont difficilement accessibles. En effet, la plupart du temps l'information circule imparfaitement, entraîne une connaissance partielle des revenus marginaux et encourage les agents à adopter des règles subjectives de calcul, non conformes à celles dictées par la maximisation du profit.

De plus, les agents économiques ne sont pas confrontés à une seule alternative qu'ils comparent à son coût mais ils ont plutôt à choisir entre une variété d'alternatives, cela complexifie leur tâche, d'autant plus que le monde est incertain, c'est-à-dire que les agents ne sont pas en mesure de déterminer avec précision l'ensemble des caractéristiques de l'avenir (et la notion d'optimalité disparaît).

Les tentatives d'ouverture nous invitent également à tenir compte des actions passées, de leur coût, des capacités d'apprentissage des agents (adaptation de leur comportement), ignorées précédemment, qui rendent le calcul encore plus subjectif.

En conséquence, devant les difficultés des agents économiques à définir une ligne d'action optimale de la firme, des doutes quant au réalisme d'une rationalité individuelle forte se manifestent. De même, avec le concept d'apprentissage qui s'inscrit dans l'espace des préférences des agents, on touche aux fondements de la théorie des choix et à la conception même de la rationalité.

C'est en fait sur ce substrat d'analyses alternatives que sont apparues dans les années 70-80 des théories qui renouvellent la vision économique de l'entreprise, que nous voyons dans le paragraphe suivant.