1 - Les théories des droits de propriété et de l'agence

Ces théories s'inscrivent dans le prolongement du modèle néoclassique, tout en proposant un élargissement. La firme est traitée ici comme une organisation complexe, réunion d'individus et de groupes qui ont leurs identités propres, des intérêts et des objectifs personnels, même s'ils doivent coopérer. Par conséquent, si la firme existe, c'est qu'a su être trouvé un arrangement qui en assure la cohésion et l'identité.

Les approches retenues ici appréhendent la firme en termes de "noeuds de contrats". Autrement dit, ces théories insistent sur l'aspect contractuel de la transaction, en faisant une abstraction sur la spécificité du mode de coordination : qu'il s'agisse du marché ou de la firme, le mode de coordination retenu ne modifie pas la nature du contrat. Pour A. A. ALCHIAN et H. DEMSETZ (1972, p. 777), la firme ‘"(...) n'a aucun pouvoir d'ordre, pas d'autorité, pas d'action disciplinaire qui soient différents au plus petit degré, par rapport à un contrat passé entre deux individus sur un marché. Je peux "punir" quelqu'un simplement en refusant une affaire future ou en cherchant réparation auprès des tribunaux pour tout manquement à l'encontre de notre accord d'échange. C'est exactement ce que peut faire un employeur."’

Ces approches s'intéressent aux institutions économiques tout en conservant les fondements essentiels de la théorie micro-économique : l'analyse des comportements individuels et des relations entre agents s'effectue à l'aide de la méthode de l'équilibre et suppose des préférences stables et un comportement parfaitement rationnel (hypothèse de rationalité substantive). Ces approches cherchent alors à compléter les conclusions de la théorie de l'équilibre en montrant que l'interaction d'individus libres conduit à un optimum social par le choix des institutions qui assurent l'efficience la plus grande pour un état donné de la technique et des préférences.

Le dépassement le plus marqué par rapport à la micro-économie standard se trouve dans les hypothèses d'imperfection de l'information et dans l'existence d'asymétrie d'informations entre agents. Étant donné ces hypothèses, il s'agira de définir des contrats efficients. C'est la recherche de tels contrats qui va constituer l'intérêt principal de ces approches.

Par rapport à l'éclairage recherché à l'aide de ces théories, il ne porte ici que sur l'aspect coordination de la production (dans la firme) et non sur l'aspect constitution du marché.

Nous présentons ici la théorie des droits de propriété (a-), qui s'interroge sur l'effet des formes de propriété sur le fonctionnement de l'économie198 199, et la théorie de l'agence (b-), proche de la théorie des droits de propriété, qui cherche à déterminer, compte tenu des caractéristiques d'une relation principal-agent, le type de structure contractuelle qui minimise les coûts d'agence.

Notes
198.

L'article de A. A. ALCHIAN et H. DEMSETZ (1972) est le point de départ de la théorie des droits de propriété.

199.

On trouvera un ensemble de travaux sur l'étude des droits de propriété dans l'ouvrage de E. G. FURUBOTN et S. PEJOVICH (1974).