Conclusion C

La performance économique trouve sa source dans les relations, mais ces relations sont à questionner, il faut interroger leur modalité d'existence. C'est à l'aide du concept de proximité, et de ses diverses déclinaisons, que nous avons approfondi davantage l'analyse des interactions et introduit du même coup le rôle de l'espace. La proximité spatiale (physique ou géographique) semble insuffisante pour comprendre la dynamique du marché du conseil ; le plus important ce n'est pas que le cabinet soit localisé sur le même territoire que l'entreprise cliente349 mais c'est que le client et l'offreur de service se rencontrent et développent de nouveaux savoirs (ceci est la condition de la dynamique du marché du conseil). Ce qui semble très important dans le développement du marché du conseil (C. SAUVIAT 1994), c'est la proximité socio-économique, c'est-à-dire la vision minimale et générale partagée au départ par le prestataire et le client qui va garantir une certaine fiabilité, prévisibilité mutuelle. On pourrait dire que finalement la proximité socio-économique permet de gérer la distance physique, alors que la proximité physique ne permet pas forcément de gérer la distance sociale, professionnelle, technique... Les relations sont facilitées par ces deux types de proximités : la proximité socio-économique favorise les mises en contact, la proximité physique la relation de service ; mais au-delà de cela nous avons montré que ce qui va améliorer et permettre l'appropriation par le client, des connaissances diffusées par le prestataire, et leur mise en mouvement dans un sens précis (valorisation), c'est la proximité cognitive, c'est-à-dire certaines dispositions mentales (langages, conventions, codes) et intellectuelles (degré de compréhension) proches ou encore une proximité des cadres de référence.

Les deux premiers types de proximité ont permis de mettre en évidence deux types de réseaux de première importance dans la mise en contact des individus : la proximité socio-économique a permis de mettre le doigt sur les réseaux sociaux, les proximités physique et socio-économique sur les réseaux locaux. La proximité cognitive n'intervient pas dans cette typologie étant donné qu'elle joue dans la phase de production en commun et non dans la phase de mise en contact, c'est-à-dire là où les réseaux ont une grande importance.

L'intérêt sera alors de renforcer ces proximités, surtout les plus déterminantes d'entre elles (proximité socio-économique pour mise en contact et proximité cognitive pour transmission de connaissance du prestataire au client et leur assimilation), puisqu'elles sont à la base des interactions et du dynamisme du marché du conseil.

Notes
349.

L'étude sur la dynamique des services dans l'agglomération lyonnaise (A. GRIMAND et alii 1999) montre que les demandeurs ne tiennent pas compte de la localisation des prestataires, par contre, ce qui est important à leurs yeux, c'est la possibilité de développer de nouveaux savoirs organisationnels pour qu'ils soient compétitifs.