1.2.3.1. L’approche diglossique

En 1930, W. Marçais applique à la situation arabe le terme de ’diglossie’. Son objectif, alors plus politique que scientifique, est de montrer que ’cet idiome sémitique affligé d’une incurable diglossie ne peut prétendre à aucun rôle culturel et politique au Maghreb’. Depuis, un grand nombre d’études traditionnelles ont repris et développé ce concept. C’est le cas de Ferguson (1959) qui, dans un article fondamental définit la diglossie comme suit :

‘« A relatively stable language situation in which, in addition to the primary dialects of the language (which may include a standard or regional standards), there is a very divergent, highly codified (often grammatically more complex) superposed variety, the vehicle of a large and respected body of written literature, either of an earlier period or in another speech community, which is learned largely by a formal education.’ and is used by any sector of the community for ordinary conversation. » (Ferguson, 1959:336).

A priori, la situation linguistique arabe semble correspondre avec cette définition. Néanmoins, la simplicité bipolaire de l’approche (i.e. variété « haute » vs. variété « basse ») ne rend pas bien compte de certaines tensions communicatives générées non pas par la superposition verticale des deux principaux niveaux de langue présents en situation diglossique — dont les caractéristiques et usages linguistiques sont clairement définis et typiquement distincts — mais par la coexistence horizontale de plusieurs registres intermédiaires dont les usages spécifiques sont étroitement corrélés au domaine d’emploi (Attia, 1966). Ces différents registres constituent la base des approches stratifiées qui ont succédées au modèle binaire développé par Ferguson.