1.3.3.2. Les dialectes Syro-Libanais

L’arabisation de la zone syro-libanaise a eu lieu lors des premières invasions musulmanes (7e / 8e siècle) et a sans doute été facilitée par la présence, dans le désert syrien, de tribus arabophones. Certaines de ces tribus, s’étant sédentarisées dans des centres urbains comme Damas ou Alep, avaient déjà adopté un parler, si ce n’est purement citadin, tout au moins de type ’innovateur’ (Versteegh, 1997). Les parlers de cette zone, qui comprend l’ensemble des parlers de sédentaires de Syrie16, du Liban, de Jordanie et de Palestine, sont relativement bien connus et ont donné lieu à un grand nombre d’études dialectologiques (Bergsträsser, 1915 ; Feghali, 1919 et 1928 ; Cantineau, 1936, 1937 et 1938 ; El-Hajje, 1954 ; Grottzfeld, 1967, 1978 et 1980 ; Fleish, 1962-1963-1964, 1974a, 1974b, 1974c; Bettini, 1994 (sur les parlers de nomades) ; Lentin, 1994 et 1995/96 (sur les parlers de sédentaires).

L’étude globale de Cantineau (1938) sur les parlers de cette région distingue deux types de parlers de sédentaires. Le premier groupe (S1) constitue la fraction la plus importante. Il rassemble les dialectes du Sud du Liban, des Druz de la région du message URL Hdot.giforan, de Palmyre, de la grande plaine syrienne située au Nord de Tripoli, ainsi que des parlers purement citadins (Damas, Beyrouth, Saida et Jérusalem) et campagnards / montagnards parlés au Nord du Liban (i.e. région de la Beka). L’ensemble de ces parlers connaissent une réalisation glottale de l’occlusive classique /q/ et ne présentent pas de fricatives interdentales (à l’exception toutefois du parler des Druz dont le conservatisme linguistique est attribué dans la littérature à la situation religieuse particulière de ce groupement qui le maintient séparé des populations qui l’entourent et de leur parler de type innovateur (Blanc, 1953).
Le second groupe (S2) qui couvre la majeure du plateau palestinien (à l’exception des parlers des villes) se caractérise par les altérations non-conditionnées (i.e. palatalisation et/ou affrication) que connaissent les consonnes uvulaire et vélaire, soient : /q/ > [k message URL exposant.gif] et /k/ > [t message URL integrale.gif].

Toutefois, on remarque actuellement et sur l’ensemble du territoire un net recul des parlers ruraux au profit des dialectes prestigieux des grandes villes comme ceux de Damas, Alep et/ou Beyrouth dont les usages linguistiques débordent largement des frontières régionales. Ce processus n’est pas achevé, il contribue en réalité à l’uniformisation des parlers de sédentaires de cette région généralement regroupés sous l’appellation de ’parlers levantins’ ou du ’Bilad-el-Sham’ (Lentin, 1994 et 1995-96) et que la dialectologie traditionnelle parvient à subdiviser en trois sous-groupes :

  1. Les parlers (citadins) libanais et du Centre syrien : ce groupe - correspondant aux parlers ’S1’ de Cantineau (1938) et à la zone IV de Bergsträsser (1915) - rassemble la vaste majorité des dialectes libanais (dont celui de Beyrouth) ; les parlers syriens ’centraux’ (dont le parler de Damas), et le dialecte ’maronite’ de Chypre, généralement rattaché aux dialectes libanais (Borg, 1984).
    La dialectologie traditionnelle a souvent porté son intérêt sur l’analyse des systèmes vocaliques des parlers de cette région (Cantineau, 1956 ; Abu Haidar, 1979, Fleish, 1974 ; Bohas, 1986). La plupart d’entre eux présentent des systèmes vocaliques assez complexes (différentiels17 et/ou non-différentiels) constitués au plus de trois voyelles brèves [i ; a ; u], de leur pendant longues [i: a: u:] et des segments [e: o:] correspondant parfois aux anciennes diphtongues classiques [aj aw] respectivement.
    Toutefois, Fleish (1974) a montré que dans certains parlers appartenant à ce groupe, et plus particulièrement à Tripoli et dans les villages alentours (Fleish, 1963-64) - on trouve des systèmes à 7 voyelles (i.e. [i a u i: u: o: e:]) où le passage de /a:/ > /o:/ - typique dans le sémitique de l’Ouest - est attesté.
    D’aucuns expliquent ce changement par l’influence du substrat canannéen. Pour Fleish en revanche, l’influence du substrat n’est pas un critère pertinent. Ce serait plutôt pour lui le contexte consonantique qui aurait conduit, dans ces parlers, au changement de timbre de la voyelle ouverte. Ainsi, on peut trouver pour /a:/ soit une réalisation postérieure de type [o:] apparaissant en contexte d’arrière, soit en contexte antérieur une réalisation mi-ouverte de type [e:] (i.e. phénomène d’imala18), Cette antériorisation de la voyelle ouverte (i.e. passage de [a:] à [e:]) atteingnant son degré maximal (i.e. [a:] à [i:]) dans le parler des Druz du Sud du Liban (Cantineau, 1938). Nous verrons plus loin dans quelle mesure ce critère peut être utile pour la caractérisation des parlers moyen-orientaux en ce sens qu’il introduit des voyelles d’aperture moyenne relativement peu fréquentes dans les parlers maghrébins.
    Dans les pages qui suivent, nous ne présenterons que les caractéristiques des parlers des principales villes de cette région (i.e. parlers de Tripoli, Zahlé, Beyrouth et Damas) compte tenu de leur influence grandissante sur les parlers adjacents.
    A Tripoli, El-Hajje (1954) relève outre la prononciation sourde du ’qaf’, l’introduction d’un nouveau phonème emphatique [z message URL exposant.gif] dont la fréquence d’occurrence est toutefois relativement rare (e.g. [ message URL delta.gif message URL exposant.gif arf] « outre » vs. [z message URL exposant.gifarf] ’enveloppe’ ; [fad message URL exposant.gifd message URL exposant.gif] « il a rincé » vs. [faz message URL exposant.gifz message URL exposant.gif] « grossier, acariâtre »). Ce phonème représente soit la fricative interdentale pharyngalisée (dans certains mots empruntés au vocabulaire bédouin seulement), soit l’ancien phonème latéral / message URL ddot.gif/ dans les emprunts à l’arabe classique (souvent par l’intermédiaire du Turc) soit encore la variante pharyngalisée (en contexte postérieur) de la fricative [z].
    A Zahlé (3ème centre urbain du Liban situé dans la plaine de la Beka), Fleish (1974) souligne la présence des diphtongues [aj] et [aw] ce trait constituant un conservatisme relativement rare dans cette zone où le passage /aj/ > [e:] et /aw/ > [o:] est attesté partout ailleurs. Ce parler, très caractéristique, ne présente pas d’interdentales, on y trouve une prononciation glottale du ’qaf’ (i.e. [ message URL alif.gif]) et un schéma de propagation de l’emphase perçu, par l’auteur, comme étant assez étendu mais qui n’a pas encore fait l’objet d’études expérimentales à ce jour.
    L’étude de Naïm-Sambar (1986) donne un aperçu détaillé du parler de la capitale (i.e. Beyrouth). Là aussi, de manière générale, les interdentales ont disparu ([ message URL delta.gif] étant représenté par [z] ou [d] ; [ message URL delta.gif message URL exposant.gif] par [d message URL exposant.gif] ou [z message URL exposant.gif] et [ message URL theta.gif] par [t] ou [s]). Du point de vue diachronique, l’ancienne latérale de l’arabe ancien / message URL ddot.gif/ est passée à [d message URL exposant.gif]. Ainsi, dans ce parler on a : / message URL ddot.gif/ > [d message URL exposant.gif] et / message URL delta.gif message URL exposant.gif / > [ message URL delta.gif message URL exposant.gif] et/ou [z message URL exposant.gif] cette dernière variante constituant un phonème nouveau purement dialectal (i.e. innovation) résultant de l’intégration des emprunts classiques dans le système phonologique du dialecte. Ce phonème [z message URL exposant.gif] pour [ message URL delta.gif message URL exposant.gif] n’existe qu’au Moyen-Orient - et particulièrement en Syrie et au Liban - région qui a pendant longtemps appartenu à l’Empire Ottoman. Les Turcs, n’ayant pas d’interdentales dans leur système linguistique, auraient transféré [ message URL delta.gif message URL exposant.gif] à [z message URL exposant.gif] dans leurs usages ; les autochtones auraient ainsi rempruntés aux Turcs leur propre vocabulaire en conservant la prononciation turque.
    C’est ainsi qu’on trouve dans ce parler des paires minimales opposant [ message URL delta.gif message URL exposant.gif] à [z message URL exposant.gif] (e.g. [z message URL exposant.gifabt] du turc ’feuille d’audience’ vs. [d message URL exposant.gifabtu] ’consolidation’). Naïm-Sambar (1986) souligne par ailleurs que sur les quelque 100 mots comportant le phonème [z message URL exposant.gif], seuls 5 renvoient à un mot d’étymologie arabe. En ce sens, il est aussi possible de parler d’emprunts à l’arabe classique pour certains items n’appartenant pas au vocabulaire quotidien et devant être prononcés correctement (i.e. avec une prononciation classique). La réalisation [z message URL exposant.gif] attestée dans ces mots s’explique selon l’auteur par ’l’incapacité à produire des fricatives interdentales’ et correspond ’au désir de provoquer chez l’interlocuteur un certain impact psychologique lié à l’emploi d’un mot savant’ (Naïm-Sambar, 1986:100-101). Ainsi les termes [z message URL exposant.gifann] ’il a pensé’ et [z message URL exposant.gif message URL e.gifll] ’ombre’ possèdent des synonymes ’dialectaux’ moins connotés littérairement, soient respectivement [fakkar] et [fayy] qui seront utilisés en fonction de l’impact psychologique recherché. L’analyse du système phonologique du parler de Beyrouth montre par ailleurs que les fricatives interdentales sont passées à des occlusives et/ou des sifflantes ; ce trait devant être selon D. Cohen (cité par Naïm-Sambar, 1986:101) ’un phénomène sporadique lié à un certain nombre de facteurs dont l’emprunt déformé à l’arabe classique ou le remprunt par l’intermédiaire d’étrangers’.
    Le parler de Damas a lui aussi donné lieu à plusieurs études (Cantineau & Helbaoui (1953) ; Cantineau (1956) et Irikoussi (1981)). Au niveau consonantique, il se caractérise par la présence d’au moins quatre phonèmes pharyngalisés [t message URL exposant.gif ; d message URL exposant.gif ; s message URL exposant.gif ; z message URL exposant.gif]. Cantineau & Halbaoui (1953) relèvent en effet quelques paires opposant /z/ à /z message URL exposant.gif/ (e.g. [bu:z] ’museau’ vs. [bu:z message URL exposant.gif] ’glace’). Ils tendent par ailleurs à considérer les paires /l/ vs. /l message URL exposant.gif/et /r/ vs. /r message URL exposant.gif/ comme potentiellement productives (ils ne proposent cependant aucun exemple d’opposition phonémique). Comme dans la plupart des parlers de sédentaires de cette région on trouve de manière générale une prononciation glottale [ message URL alif.gif] pour /q/ et une réalisation sonore en [g] dans les emprunts aux langues étrangères et/ou aux parlers de bédouins. On remarque aussi l’absence des fricatives interdentales remplacées par [t message URL exposant.gif ; d message URL exposant.gif ; z message URL exposant.gif]. Une étude phonétique de l’ensemble des consonnes de ce parler a été effectuée par Irikoussi (1981) qui a caractérisé chacune d’elle au niveau acoustique.
    Du point de vue vocalique, Ferguson (1956) et Irikoussi (1981) s’accordent pour poser un système à 5 voyelles et 3 niveaux d’aperture : un niveau ’fermé’ avec /i ; u/ ; un niveau ’intermédiaire’ avec /e ; o/ et un niveau ’ouvert’ représenté par la voyelle /a/. Toutes ces voyelles peuvent être longues et/ou brèves. L’analyse du paramètre de quantité dans le système vocalique du parler de Damas est étudiée plus en détail dans le travail de Cantineau (1956) dont l’objectif premier était de répondre aux critiques avancées par Ferguson (1956) à propos de sa description antérieure (Cantineau & Helbaoui, 1953). Selon Cantineau (1956), le système vocalique du parler de Damas se caractérise ’phonétiquement par une infinité de degrés de longueur’ : se côtoient ainsi dans le système des voyelles longues (i.e. longues accentuées), des voyelles brèves (i.e. brèves non-accentuées), des voyelles extra-courtes (i.e. dont la valeur morphémique est nulle comme dans le mot classique/ message URL chi.gifoboz/ ’pain’, réalisé à Damas [ message URL chi.gifoboz]) et des voyelles de longueur moyenne, correspondant à des longues non accentuées et abrégées et/ou à des courtes accentuées et allongées et/ou à des semi-voyelles en position vocalique.
  2. Les parlers syriens du Nord : comme, par exemple, celui d’Alep.
    On retrouve dans cette ville une opposition de type communautaire (i.e. différenciation entre parler des musulmans et parler des chrétiens) Bien que Behnstedt (1989) ait analysé le parler des chrétiens, il n’existe pas d’étude descriptive du parler musulman d’Alep ; on ne dispose donc toujours pas aujourd’hui d’analyse dialectale comparative à proprement parler sur ce domaine. L’étude de Jastrow & Kazzarah (1980-1981) s’intéresse plus particulièrement à l’effet des consonnes d’arrière (et de la plosive glottale procédant du « qaf » dans ce parler) sur les voyelles du système. Comme dans tous les autres parlers, on retrouve un phénomène de postériorisation vocalique lors du contact avec une consonne vélaire (i.e. [ message URL chi.gif0 message URL Y.gif]) et/ou glottale (i.e. [ message URL alif.gif]). Le système vocalique du parler d’Alep doit donc, selon les auteurs, être considéré - du point de vue phonétique - en fonction de la nature du contexte consonantique.
  3. Les parlers syriens du Sud : ce groupe englobe les parlers citadins et villageois de Palestine Centrale, les parlers du Sud de la Palestine et certains parlers jordaniens parlés au sud de la Syrie, dans la région du message URL Hdot.giforan dont une classification détaillée a été produite par Palva (1984).
    Les parlers palestiniens ruraux (i.e. de villageois) ont, eux aussi, fait l’objet d’une étude spécifique (Awwad, 1986). On y retrouve au niveau phonologique le phénomène d’affrication de la consonne palatale en contexte antérieur : /k/ > [t message URL integrale.gif] surtout devant la voyelle d’avant /i/ ; le passage de /d message URL exposant.gif/ à [z message URL exposant.gif] et la réalisation [k] pour /q/ sauf si la voyelle qui suit est précédée de /t message URL exposant.gif/, /s message URL exposant.gif/ et/ou /z message URL exposant.gif/ (e.g. [kalb] « coeur » mais [qata message URL alif.gifa] « couper ») ; les anciennes diphtongues classiques /aw/ et /aj/ > [o:] et [e:] sauf en position finale et devant /w/ et /j/ respectivement. Les voyelles longues sont abrégées si elles sont en position non-accentuée ou si elles se trouvent dans une syllabe accentuée surlourde (i.e. de type CVVCC) ; les voyelles brèves /i  u a/ chutent si elles sont en position pré-accentuée (i.e. parler non-différentiels).

De manière générale, l’opposition, en Syrie, entre les parlers du Nord et ceux du Centre, se base sur différents critères phonético-phonologiques comme : l’imala. Ainsi, les parlers syriens du Nord (comme celui d’Alep) se distinguent du parler de Damas par le passage systématique de /a/ à [e]. L’ensemble des parlers de sédentaires de ce domaine peuvent à leur tour être distingués de nombreux parlers de nomades (parlers de bédouins sédentarisés ou de sédentaires bédouinisés) aux caractéristiques phonétiques propres. Bettini (1994) propose ainsi d’opposer quatre groupes dialectaux, soient : (1) les parlers de Syrie méridionale (caractérisés par une affrication conditionnée de /k/ et /g/), (2) les parlers de Syrie moyenne (où l’on rencontre sous l’influence des parlers de sédentaires considérés comme plus prestigieux une réalisation sourde pour « qaf »), (3) les parlers des ’bergers nomades’ de Syrie occidentale (à l’Est de la route Damas-Alep), (4) les parlers du Nord-Est Syrien (correspondant à la région de la Jéziré repeuplée tout récemment par des tribus semi-nomades poussées à la sédentarisation) où l’on trouve de nombreux traits communs avec les parlers de la Péninsule Arabique.

Notes
16.

Les parlers de nomades de cette région appartenant au groupe des parlers de la Péninsule Arabique que Palva (1991) propose de rassembler sous le terme ’North-West Arabian’.

La distinction entre parlers différentiels vs. non différentiels concerne essentiellement les parlers du Moyen-Orient. Cette distinction fait référence au traitement des voyelles brèves en syllabes ouvertes. Dans ce cadre, les parlers différentiels sont ceux qui traitent différemment les trois voyelles brèves [i ; u ; a]. En général, dans ces parlers, les voyelles fermées [i] et [u] chutent là où la voyelle ouverte [a] se maintient et peut éventuellement passer à [i]. De la même manière, un parler sera aussi différentiel s’il maintient [a] et [i] là où [u] chute. En revanche, on ne connaît pas de parler où [i] et [u] se maintiendraient alors que [a] chuterait. Par opposition, les parlers non-différentiels appliquent aux trois voyelles du système les mêmes règles de chute (ou de maintien) indépendamment du timbre des voyelles concernées (Cantineau , 1938 ; Fleish, 1974 ).

17.
Le phénomène de ’l’imala’ déjà décrit par les Grammairiens Arabes consiste en une antériorisation de la voyelle ouverte [a] en position interne (i.e. médiane) et/ou finale. Elle se manifeste sur le plan acoustique par une baisse de F1 et une montée de F2 (Benkirane, 1982) et permet de distinguer entre parlers à imala interne et/ou finale ’forte’ (i.e. [a] > [e] ; [] ou [i]) comme en Syrie, au Liban et dans certains villages côtiers de Tunisie, vs. parlers à imala interne et/ou finale ’moyenne’ (i.e. [a] > [ message URL ae.gif]) vs. parlers connaissant une imala interne moyenne mais pas d’imala finale (i.e. (i.e. [-a#] = [-a#]) comme au Maroc ou en Algérie (voir Barkat & al., 1997). Selon Kaye (1997) : ’Imala (lit. inclination) refers to / a -/raising, often due to the umlauting influence of / i /. A classical word such as / message URL alif.gif iba:d / ’slaves’ could have a dialectal pronunciation [ message URL alif.gif ibe:d ] or [ message URL alif.gif ibi:d ]. Imala has produced the very distintive high vowel pronunciation of / a / in many Syro-Lebanese dialects , i.e. [ be:b ] ou [ bi:b ], equivalent to classical arabic / ba:b / ’door and [ b message URL ae.gif :b ] as uttered, say, by a Cairene’. (Kaye, A.S, 1997:198)
18.