2.3.2.2. Identification dialectale par pays

Les résultats obtenus par nos sujets pour la seconde tâche (i.e. identification par pays) confirment, dans la grande majorité des cas, les hypothèses avancées ci-dessus selon lesquelles les meilleurs taux d’identification devraient concerner (1) les dialectes proches des parlers maternels, et (2) les parlers appartenant à la même zone géographique que ceux-ci. Il semble donc que les sujets perçoivent — à l’intérieur des stimuli les plus représentatifs d’un parler — certains indices acoustiques propres à chaque variété dialectale qui leur permettent d’effectuer une discrimination fine en termes de « pays ».

Le tableau 8 présente de manière synthétique les scores d’identification par pays obtenus par l’ensemble des sujets testés sur la totalité des stimuli présentés. Il nous permet d’ores et déjà d’observer que tous les locuteurs/auditeurs arabophones – à l’exception des sujets syriens – attestent un haut taux de reconnaissance pour, au moins, le parler le plus proche de leur dialecte d’origine. Ces résultats sont illustrés dans la matrice de confusion 8 et sur la figure 6.

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Tableau 8 : Matrice de confusion des scores d’identification par pays en fonction de l’origine dialectale des sujets (%)
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Figure 6 : Scores d’identification (en %) par pays en fonction de l’origine dialectale des sujets.

Bien que les sujets syriens aient été plus performants pour la reconnaissance du libanais (i.e. dialecte non-maternel), le score moyen d’identification du parler d’origine (tous sujets, toutes variétés et toutes zones géographiques confondus) frôle les 94 % et ne présente pas d’écart significatif d’une origine dialectale à l’autre comme nous l’a confirmé l’analyse de variance effectuée sur la base des résultats obtenus pour chacun des sujets lors de l’identification de son dialecte d’origine.

Les figures 7 et 8 montrent les scores obtenus par l’ensemble des sujets lors de l’identification des différents types de stimuli (maghrébins et/ou orientaux). Elles permettent d’une part d’observer plus clairement les résultats globalement présentés dans figure 6, à savoir que la reconnaissance du parler le plus proche du dialecte d’origine s’effectue sans encombre pour la quasi-totalité des sujets.

D’autre part, et à ce niveau de l’analyse, elles nous autorisent à nuancer l’approche — souvent tranchée dans les travaux de dialectologie traditionnelle — selon laquelle la définition d’entités linguistiques appelées « arabe maghrébin » vs. « arabe oriental » ne constitue pas une réalité aussi contrastée. Il semble en effet que les sujets se soient appuyés sur des macro-critères discriminants efficaces pour (1) distinguer des parlers maghrébins par rapport à leurs pendants moyen-orientaux, (2) et arriver à une classification plus fine en termes de dialecte national (i.e. parler jordanien, par exemple).