2.4. Le rythme : un critère pertinent pour la discrimination des dialectes arabes ?

A partir de l’expérience détaillée dans la présente section nous avons voulu vérifier le poids de l’information rythmique pour la discrimination des dialectes arabes par zones. L’idée était plus précisément d’observer les performances d’identification obtenues par un groupe de sujets lorsque ceux-ci n’ont accès qu’à l’information prosodique et rythmique contenue dans un échantillon de parole, c’est à dire aux variations de la courbe du Fo et à l’amplitude de certains événements contenus dans le signal de parole.

Deux expériences distinctes ont été mises en place : la première menée à partir de parole naturelle, nous a permis d’évaluer la capacité des sujets à percevoir les caractéristiques propres à chacun des deux types de stimuli dialectaux. Il s’agissait à ce niveau d’évaluer comment que l’opposition dialectale en termes de zones géographiques (i.e. parlers du Maghreb vs. parlers du Moyen-Orient) était implémentée chez un groupe de sujets francophones n’ayant aucune connaissance de l’arabe et de confirmer cette opposition chez la nouvelle population de sujets arabophone testée.

La seconde expérience a consisté à faire discriminer — toujours en termes de zones géographiques et par les deux mêmes populations de sujets — les mêmes stimuli mis sous une forme synthétique où seules les caractéristiques rythmique et prosodique des signaux originaux étaient perceptibles. Au cours de cette deuxième expérience les deux groupes de sujets ne pouvaient établir leur discrimination dialectale par zones que sur la base des indices supra-segmentaux contenus dans les signaux, toutes les informations segmentales ayant été éliminées.

L’utilisation de deux groupes de sujets (i.e. arabophones vs. non-arabophones) avait pour but d’observer l’impact de l’origine dialectale sur les scores d’identification (i.e. évaluation de la variable « population »). L’une des hypothèses à vérifier étant que l’appartenance à la communauté linguistique représentée par l’échantillon de parole (i.e. sujets d’origine arabophone) mènerait à une meilleure reconnaissance de la variété dialectale soumise à identification aussi bien en parole naturelle qu’en parole synthétique.