2.4.2. Résultats et discussion

La figure 17 présente les scores d’identification obtenus par les deux populations de sujets pour la tâche de discrimination dialectale à partir de parole naturelle. On observe que le taux d’identification correcte atteint les 97% pour les sujets arabophones et 56% pour les sujets non arabophones. Ces résultats confirment une fois de plus la bipartition du domaine dialectal arabe.

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Figure 17 : Scores d’identification correcte pour la discrimination par zones obtenus sur la base des stimuli de parole naturelle.

Les analyses statistiques effectuées (ANOVA, PLSD de Fisher et T-Test apparié) révèlent par ailleurs que la différence des scores obtenus soient 97% et 56% est significative, ce qui nous autorise à considérer la variable « population » comme un élément pertinent (F(1.36) = 259, p < .0001). Soulignons par ailleurs que les performances réalisées par le groupe de sujets non arabophones (56%) est significativement supérieur au hasard (p < .05).

La figure 18 permet d’observer les scores d’identification correcte obtenus par les deux populations de sujets pour la discrimination des dialectes arabes sur la base des seules informations rythmiques (i.e. stimuli synthétiques). On est en mesure de voir que les performances des deux groupes chutent remarquablement d’une condition expérimentale à l’autre (de 97% à 58% pour les sujets arabophones ; de 56% à 49% pour les sujets non arabophones).

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Figure 18 : Scores d’identification correcte pour la discrimination par zones obtenus sur la base des stimuli de parole synthétique.

Les calculs statistiques nous permettent d’affirmer plusieurs choses ; Premièrement, que le critère “population” permet d’expliquer les différences de performances de discrimination. Les sujets arabophones distinguent significativement mieux les dialectes arabes sur la seule base de leurs caractéristiques rythmiques que ne le font les sujets non arabophones (F(1.36) = 4.4, p < .04). Notons par ailleurs que les 58% d’identification correcte correspondent à un score supérieur à celui escompté par chance (p < .002). En revanche, les 49% d’identification correcte obtenus par les sujets non arabophones tendent à prouver que les caractéristiques rythmiques propres à chacune des variétés dialectales ne constituent pas un indice suffisant pour parvenir à un score d’identification significativement parlant pour une population naïve.

Néanmoins les résultats obtenus par le groupe de sujets arabophones tendent à confirmer notre hypothèse selon laquelle le rythme des dialectes arabes est suffisamment différent d’une zone géographique à l’autre pour permettre leur discrimination. Si différent d’ailleurs, que nous nous sommes posés la question de savoir si les résultats obtenus par la population de sujets arabophones — qui rappelons-le n’était composée dans cette expérience que d’individus originaires du Maghreb — seraient significativement différent pour la discrimination du rythme du dialecte d’origine. On sait que l’enfant possède des prédispositions pour la reconnaissance du rythme de sa langue maternelle (Ramus, 1996 et 1999) à un âge où il est peu probable qu’elles soient dues à l’expérience. De fait, on imagine que l’identification des stimuli maghrébins synthétiques présentent des valeurs significativement supérieures à celles obtenus pour la discrimination des stimuli orientaux. La figure 19 confirme cette hypothèse et permet d’observer que les scores obtenus pour la discrimination du rythme du dialecte maternel (62%) sont significativement supérieurs à ceux obtenus pour la reconnaissance des stimuli orientaux (p < .005).

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Figure 19 : taux d’identification correcte en fonction de la nature des stimuli et l’origine des sujets