3.1.1.2. Les parlers Algériens

L’Algérie — limitée au Nord par la méditerranée, à l’Ouest par le Maroc et le Sahara occidental, à l’Est par la Tunisie et la Libye et au Sud par le Mali, le Niger et la Mauritanie — couvre un immense domaine de l’Afrique du Nord (Figure 22).

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Figure 22 : Vue générale du domaine algérien et localisation des points d’enquête

Les quelques 30 millions d’habitants peuvent être d’origine soit arabophone, soit berbérophone, ces deux langues coexistant — comme au Maroc — sur de larges parties du territoire. La situation linguistique de ce pays est particulièrement compliquée du fait de l’immensité du domaine concerné, du cloisonnage géographique extrême et de son passé historique complexe fait d’écartèlement et de rapprochement ininterrompus. Jusqu’au 19e siècle, on ne pouvait pas parler d’un dialecte algérien. A peine pouvait on parler des dialectes rattachés aux grandes provinces du Constantinois à l’Est, de l’Algérois au centre et de l’Oranais à l’Ouest. Les dialectes parlés à l’Est du pays s’apparentent aux parlers tunisiens : bédouins dans les régions sahariennes, sédentaires à Constantine entre autres. Dans le Nord-Ouest proche de la petite Kabylie berbérophone, on trouve le parler original de Jijel. Dans le centre et les régions occidentales, il y a partout des dialectes de bédouins qui se rapprochent de ceux de l’Algérois tout en étant distincts. Si l’on cherche un dialecte représentatif de l’Est algérien, ce serait le Constantinois qui présente, par ailleurs, un certain nombre de traits convergents avec les parlers tunisiens. Dans la région du centre, deux types de parlers se partagent ce vaste espace : l’un au Nord, l’autre au Sud. Quant aux villes, elles sont éloignées les unes des autres dans l’Algérois et inégalement anciennes. Les unes sont littorales, comme Alger, Cherchell et Ténès : on y use de parlers de sédentaires mais ils ont tous subi de multiples influences linguistiques. Le dialecte de Cherchell est assez bien conservé, mais celui d’Alger d’origine a pratiquement complètement disparu. Le développement de la vie urbaine ayant provoqué dans la capitale la concentration d’un peuplement hétérogène d’origines diverses, le parler d’Alger est en pleine mutation et on ne peut que difficilement le considérer comme la forme dialectale régionale. L’Oranais, dans sa majeure partie, est bédouine, mais il existe un vieux centre urbain dont le parler est citadin (Tlemcen) qui possède des caractères originaux qui, pour certains, s’apparentent à ceux des villes marocaines. Dans notre travail, les dialecte algériens sont représentés par deux parlers50 : d’une part, celui de Oran, d’autre part celui de Jijel, ville située dans le département de Constantine, à l’Est du pays.

Notes
50.

La situation dialectale en Algérie étant particulièrement complexe (cf. chapitre 1), ce domaine linguistique est représentée ici à travers deux dialectes distincts : l’un de nomades, l’autre de sédentaires.