3.1.1.2.1. Le parler de Oran

Avec ses 660.000 habitants, Oran constitue le deuxième centre urbain du pays. Les études linguistiques consacrées aux parlers de cette région (Cantineau (1940) ; W. Marçais (1902 et 1908) ; Bouhadiba (1992)) mettent toutes en valeur le fait que l’oranais déborde largement des limites de la ville elle-même pour obtenir — dans tout l’ouest du pays — le statut de langue commune, subissant du même coup l’influence des parlers environnants. Comme le montre le tableau 15, le dialecte oranais se caractérise au niveau consonantique par une prononciation sonore de l’ancienne occlusive uvulaire « qaf » (i.e. [g]) et par l’absence de fricatives interdentales remplacées par les occlusives correspondantes, ce qui constitue une situation mixte où co-existent dans le même système des unités définies comme [+ nomade] (comme la présence du [g]) et des caractéristiques de type sédentaire (comme la disparition des interdentales). Cette situation résulte probablement de l’influence des parlers voisins car comme le souligne Bouhadiba (1992) :

‘« The area including Oran, Nedroma, Tlemcen, Sidi-Bel-Abbes and a part of Mostaganem should be interpreted as an area of convergence where bundles of isoglosses can be set up to show overall similarities between the dialects of this geographical zone » (Bouhadiba, 1992 :18).’