3.1.1.3.1. Le parler de Tunis

Tunis compte aujourd’hui 774.000 habitants (1 million dans l’agglomération), la ville constitue le centre politique, commercial et culturel du pays. Le tableau 20 présente le système consonantique du parler des musulmans de Tunis tel qu’il est décrit par Singer (1984). Notons que le parler de Tunis a gardé distinctes les fricatives interdentales, comme d’ailleurs le reste du pays à l’exception de Mahdia. Rappelons incidemment à ce propos qu’il est difficile de considérer la présence des interdentales dans les villes de Tunisie comme une restitution due à une influence des parlers de nomades. S’il est possible d’admettre que les contacts avec les nomades — dont les parlers possèdent des interdentales — peuvent avoir aidé à leur conservation dans certains parlers citadins, on voit difficilement comment ils auraient pu rétablir, dans leur distribution première, des phonèmes qui avaient déjà été confondus. Il s’ensuit qu’il faut supposer, au cours de l’arabisation des cités maghrébines, et tunisiennes plus particulièrement, une période sans confusion des interdentales et des dentales (Cohen, 1973). Nous présentons ci-dessous le système phonologique de Tunis tel qu’il a été décrit par Singer (1984), nous avons toutefois décidé de ne pas présenter dans l’inventaire phonologique présenté ci-après la multitude de segments emphatiques (i.e. /b message URL exposant.gif m message URL exposant.gif l message URL exposant.gif r message URL exposant.gif z message URL exposant.gif/) considérés par l’auteur comme phonèmes étant donné que nous pensons que la plupart des mots dans lesquelles elles apparaissent résultent souvent d’emprunts à des langues étrangères et possèdent, dans la langue source, une voyelle d’arrière (de type [ message URL a.gif]). La postériorisation des segments vocaliques étant en arabe liée à la présence d’une consonne emphatique, les emprunts possédant une voyelle de ce type sont traités de telle manière que les locuteurs vont emphatiser la consonne adjacente (e.g. [b message URL exposant.gif message URL a.gifb message URL exposant.gif message URL a.gif] du français « papa » pour rendre cohérent, dans la langue cible, la réalisation d’une variante [+ postérieure], c’est donc la voyelle qui conditionne dans ces exemples la pharyngalisation de la consonne et non l’inverse. Nous considérons donc ces segments comme des réalisations conditionnées des phonèmes non-emphatiques correspondants.