3.1.2.2.1. Le parler de Beyrouth

Capitale du Liban, Beyrouth est située en bordure de la Méditerranée, la ville groupe le tiers de la population et compte ainsi 1.100.000 habitants. La description de la situation linguistique au Liban suppose un bref rappel historique. Durant la période du mandat français (allant de 1918 à 1943) Beyrouth fut déclarée capitale du Grand Liban, et ce qui n’était avant le 19e siècle qu’une petite ville a connu une immigration massive. Au niveau linguistique, cette augmentation rapide de la population (qui du reste, est le fait de toutes les grandes villes tant au Maghreb qu’au Moyen-Orient) a mis en contact des gens originaires de différentes régions du pays. En d’autres termes, une multitude de dialectes se sont trouvés condamnés à cohabiter dans un milieu nouveau.

De même qu’il est difficile aux originaires d’une région de conserver intactes les caractéristiques de leur dialecte, il leur est inconcevable d’adopter le dialecte d’un groupe venant d’une autre région et/ou ne partageant pas la même religion. Mais étant donnée la base culturelle commune à tous les habitants du Liban, et qui se manifeste dans leur connaissance de la langue arabe, parlée et écrite dans les médias et enseignée comme langue première à l’école, il s’est constitué à Beyrouth en dessus de tous les dialectes en contact, une sorte de Koïné dialectale qui, selon Sayah (1984), « se situe dans une position intermédiaire entre l’arabe libanais véhiculé par les média et les différents dialectes des différentes régions du pays et n’est pas marquée par l’empreinte d’une région déterminée, ou d’une catégorie socioprofessionnelle spécifique de telle sorte qu’il est difficile à entendre parler quelqu’un cette langue de deviner de quelle région il vient réellement»53 (Sayah, 1984 :3). Le tableau 23 répertorie les 31 segments consonantiques propres au parler de Beyrouth.

Notes
53.

Les tests de reconnaissance dialectale effectués par Sayah (1979) sur 14 locuteurs originaires de différentes régions du Liban, montrent qu’ils sont unanimement d’accord sur le fait que la séquence présentée représente le libanais en général, sans pouvoir le rattacher à une région déterminée du Liban.