Nous avons vu plus haut qu’en marocain et/ou en algérien, les voyelles brèves se distinguent des longues, naturellement du point de vue de leur durée relative, mais aussi au niveau formantique : les voyelles longues tendent, en effet, à atteindre leurs cibles avec plus de précision articulatoire, ce qui mène à une distribution vocalique sensiblement plus périphérique que celle mise en oeuvre par les vocoïdes brefs.
Ce principe se retrouve dans nos données en arabe tunisien (Figure 40). Tout comme l’a démontré précédemment Ghazali (1979), les voyelles fermées longues [i:] et [u:] se distinguent, au niveau qualitatif, des segments vocaliques brefs de même timbre phonologique tant du point de vue de l’aperture (F1) qu’au niveau de leur degré d’antériorité et/ou de postérisation (F2). Les valeurs moyennes correspondant aux différents timbres vocaliques longs attestés dans nos corpus en tunisien apparaissent dans le tableau 30.
F1 | écart-type | F2 | écart-type | |
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547 | 57 | 1784 | 80 |
a: | 646 | 33 | 1454 | 80 |
i: | 340 | 51 | 1993 | 154 |
u: | 369 | 32 | 1065 | 92 |
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501 | 57 | 1533 | 92 |