2 – L’histoire de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale comme affirmation d’une éthique.

Au cœur de la mémoire grenobloise de la guerre, surtout celle de la Résistance. Il suffit d’écrire le mot pour que son pouvoir d’évocation symbolique jaillisse immédiatement, toujours aussi puissant. Cette lente concrétion des vertus du phénomène Résistance dans la substance de son nom a d’ailleurs pratiquement absorbé le reste des événements de la guerre. La Résistance est heureusement devenue une référence sacrée qui, constamment réactivée depuis le temps de son action, a elle-même fondé une tradition. Travaillant ce matériau exceptionnel, la « mémoire collective » a érigé ce passé en légende, laquelle possède sa propre mythologie, articulée autour d’un complexe réseau de filiations socio-culturelles 93 . Cette tradition, celle de « la dernière chanson de geste des peuples d’Europe  », d’un « monde de limbes où la légende se mêle à l’organisation », est si forte, qu’on doit l’aborder avec précaution si l’on veut être compris 94 .

User de tels termes (légende, mythe, mythologie) pour qualifier le processus de passage de la Résistance au passé et le constant réinvestissement que celui-ci opère dans le présent, ne doit JAMAIS porter à confusion. L’étude distanciée de la fabrication de cette tradition et de ses usages dans le temps d’une génération à Grenoble n’est pas minoration de ce que fut la Résistance, pas plus qu’elle ne signifie d’ailleurs jugement sur ce qu’est cette fabrication d’un légendaire. Au contraire, choisir d’y consacrer son énergie, c’est d’abord vouloir attirer l’attention sur un phénomène historique qui est à ce point sans pareil qu’il a continué (et qu’il continue encore), longtemps après sa clôture chronologique, de produire des effets culturels et idéologiques, grâce à la formidable force d’identification qu’il a acquise. Et si les mythes durent, n’est-ce pas qu’ils sont vitaux ?

Parce que l’on s’apprête à cheminer à l’intérieur du domaine des représentations mentales et de l’imaginaire social, il faut savoir établir des règles, comme un préalable de prudence. Pierre Laborie a montré l’utilité pour l’histoire du Temps présent de prendre en considération ‘ « l’analyse des représentations mentales et des ’ ‘ ’ ‘ sociétés imaginaires ’ ‘ ’ ‘ qui se profilent derrière leurs logiques et leurs fantasmes ’ ‘ 95 ’ ‘  » ’. Ici, le mythe est forcément à l’œuvre avant et après l’événement. Qu’il soit « bluff », comme l’évoque Laurent Douzou, c’est-à-dire affirmation osée pendant la guerre d’une puissance que la Résistance ne possédait pas ; récit imaginaire des exploits des résistants à la Libération ; représentation symbolique qui influe sur la vie socio-politique et culturelle dans l’après-guerre ; le mythe est partout 96 . Décrire comment il fonctionne n’est pas vouloir en rabaisser la portée, mais volonté de compréhension. Analyser quels sont les mythes dont se nourrit la mémoire légendaire de la Résistance ne peut rien lui ôter de sa mystique. Et ce n’est pas lui porter atteinte ou lui occasionner un quelconque préjudice que d’étudier sa mythification mémorielle puisque c’est au contraire contribuer à dégager les raisons qui ont fait qu’à Grenoble entre 1944 et 1964 (et plus tard, jusqu’à nos jours) elle a été ‘ « une idée du futur, une clé de construction de l’avenir ’ ‘ 97 ’ ‘  ».

Les représentations, l’imaginaire, la mémoire, ce n’est pas que de l’immatériel. C’est aussi du vrai, du sensible, du tangible. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale à Grenoble entre 1944 et 1964 possède bien une réalité, en soi historisable. S’attacher à la décrire ne signifie cependant pas qu’on en oublie qu’elle comprend un substrat encore plus réel 98 . Ce n’est pas parce que la mémoire parle excessivement du réel que celui-ci n’existe pas dans toute sa complexité. Reconnaître la part importante des phénomènes liés à l’imaginaire en histoire ne doit en effet pas aboutir à un renversement injustifiable qui aurait pour effet de reléguer au second plan la substance historique, pourtant incontestablement première, de phénomènes qu’on n’envisagerait plus que dans leur représentation a posteriori. Il faut veiller à ce que ce dédoublement ne s’opère pas d’une manière incontrôlée parce que dans ce registre précis des « mentalités », encore moins qu’ailleurs, on ne peut se satisfaire d’approximation. Par conviction disciplinaire profonde, l’historien, et peut-être plus encore l’historien des mentalités, doit croire à une certaine vérité positive intangible. Il sait que l’existence même de la réalité n’est tout simplement pas relativisable, quelles que soient la force et la complexité des reconstructions imaginaires qui en rendent compte 99 . Et l’analyse de la part qui est la leur dans la structuration de la mémoire grenobloise de la Seconde Guerre mondiale ne saurait être confondue avec une entreprise de «  déréalisation de la réalité 100  ». L’historien de la mémoire, s’il cite Barthes‘ (« le mythe est constitué par la déperdition de la qualité historique des choses : les choses perdent en lui le souvenir de leur fabrication ») ’, c’est pour précisément ne pas tomber sous le charme du mythe, ni dans les outrances de son décryptage critique ‘ (« Le consommateur du mythe prend la signification pour un système de faits : le mythe est là comme un système factuel alors qu’il n’est qu’un système sémiologique ’ ‘ 101 ’ ‘  ») ’. Jamais le fait de vouloir suivre une démarche scientifique argumentée et critique dans le but de construire un savoir raisonné ne revient à éluder et encore moins à récuser l’expérience telle qu’elle a été, et a été vécue 102 . Et la pratique du doute méthodique, qui se place au fondement même de l’activité historienne, n’a rien de commun, mieux, tourne volontairement le dos au brouillage qui, sous couvert de relire l’histoire à la lumière des obsessions et des racoleuses suspicions de notre temps (« qui a été communiste ? », questionnent sans relâche les nouveaux inquisiteurs), est à l’œuvre dans le déclenchement de ces polémiques vaines et douloureuses qu’on a connues ces dernières années. Celles-ci obéissent à des lignes de stratégie médiatico-juridiques qui obéissent à une autre logique que celle de la démonstration historique 103 . Logiquement, nous débouchons alors sur une notion deux fois affirmée du devoir éthique de base de l’historien : être fidèle à la description de la réalité et de sa perception imaginaire, être présent en amont et en aval.

Enfin, s’essayer à l’exercice de la mise en histoire de la mémoire grenobloise de la Seconde Guerre mondiale, c’est consentir à une remise en cause permanente du métier même d’historien. Le constat est là celui de l’humilité. L’historien de la mémoire ne peut en effet prétendre, contrairement à d’autres de ses « confrères », être le dépositaire de la vérité historique puisque l’histoire « savante » qu’il écrit est constamment contrebattue par ces autres discours sur le passé (témoignages, etc.) qui ne sont pas moins légitimes que le sien, et dont d’ailleurs il se nourrit. Surtout, il doit admettre qu’il n’échappe pas aux questions de son temps ; le choix de son champ d’étude en apporte lui-même la preuve. Renoncer à cette double fiction (monopole de l’histoire ; positivisme fanatique de l’objectivité), c’est en fait affirmer et redire avec force que l’histoire appartient en premier lieu à ceux qui l’ont vécue. Pour l’historien du Temps présent spécialisé dans l’histoire de la mémoire locale de la Seconde Guerre mondiale, qui sait qu’il ne peut pas rêver d’une hypothétique neutralité de son sujet, parce que les enjeux liés à cette période resteront à jamais puissants, tant la légitimité historique de la Résistance est aussi une légitimité morale atemporelle, tant les questionnements sur la Déportation traversent le siècle, dire cela, qui peut paraître évident à ceux qui sont de sa « corporation », c’est dissiper en amont toute possibilité de malentendu, toute équivoque, tout risque de mauvaise réception de son travail.

Humble par rapport à l’ampleur de la tâche à laquelle il s’attelle, indépendant vis-à-vis des enjeux actuels de la période qu’il étudie, responsable, au sens le plus moral du terme, de la formation de la conscience historique de ses contemporains de laquelle son étude participe, l’historien de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale chemine sur une ligne de crête vertigineuse et pour cela même stimulante. A ce titre-là, réfléchir au fondement de sa discipline n’est pas « philosopher » inutilement, n’en déplaise à Lucien Febvre 104  !

L’effort patient de mise au clair des outils de construction de notre recherche et d’élucidation de l’historicité de la démarche à laquelle croit l’histoire de la mémoire, obéit au contraire à cette nécessité d’éclairer nous-mêmes notre chemin. Nous sommes en effet contraints de théoriser pour conduire notre discours car, même si à présent ce champ de la recherche est pleinement reconnu et sûr de sa méthode, pour chaque cas (en l’occurrence la situation grenobloise entre 1944 et 1964), on doit réinventer du moins le mode d’emploi de cette méthode. « Tout discours de la méthode est un discours de circonstance » professait Gaston Bachelard. Ce à quoi Maurice Granet répondait humblement que ‘ « la méthode, c’est le chemin après qu’on l’a parcouru ». C’est justement ce balancement qui rend obligatoire l’établissement de « règles du jeu » précises, afin de ne pas se heurter aux deux écueils principaux qui menacent ce type de recherche : ne pas dissocier le discours de la méthode, car cette dernière est le fil à plomb intellectuel qui garantit la qualité de la construction – toute provisoire – du discours historique ; ne pas sombrer dans un discours sur le discours tellement clos sur lui-même qu’il en deviendrait hermétique et qu’il n’entretiendrait plus le moindre rapport avec l’histoire.

Ces longues considérations émises en préalable ne sont donc pas de secs prolégomènes ou de coquettes afféteries épistémologiques. Leur exposé constitue bien un passage obligé, dans ce que l’on pourrait nommer « l’antichambre » de l’histoire de la sensibilité et de la subjectivité collective que Grenoble entretient au passé proche de la Seconde Guerre mondiale.

Et après tout, construire ainsi un bastion épistémologique solidement charpenté, n’est-ce pas pour l’historien de la mémoire le plus sûr moyen de remplir au mieux sa fonction sociale de passeur 105  ? En trouvant la voie médiane entre les deux pôles de la mémoire et de l’histoire, et en déjouant tout à la fois le piège de l’amnésie et celui de la polarisation outrancière sur le mémoriel, peut-être a-t-il l’occasion d’assurer au plus près la solidarité du passé qu’il étudie et de l’avenir dans lequel lui et la société à laquelle il appartient se projettent, par la médiation du présent ?

Accepter de relever ce défi, c’est bien répondre à une gageure à double facette, qui nous engage à tracer notre voie jusqu’au cœur même de l’identité historienne et de la mémoire de cette fantastique région d’histoire qui est la nôtre. Tellement formidable d’ailleurs qu’on peut se demander, à la suite de Faulkner‘ (« La mémoire croit avant que la connaissance ne se rappelle ’ ‘ 106 ’ ‘  ») ’, si sa réputation mémorielle, qui n’en finit pas de la signaler comme étant à part, ne précède pas la simple connaissance historique de cette exceptionnelle qualité ; si la mémoire ne devance pas l’histoire.

Notes
93.

Que Christian Bougeard et Jean-Marie Guillon ont finement décrypté : « La Résistance et l’histoire, passé/présent », in La Résistance et les Français. Nouvelles approches, n° 37 des Cahiers de l’IHTP, décembre 1997, p. 29-45. On peut cependant se demander si l’obsession de Vichy, ces derniers vingt ans, n’a pas renversé le rapport de force mémoriel entre les grands événements de la Deuxième Guerre mondiale ; lire à ce sujet Daniel Lindenberg, « Guerre de mémoires en France », in Vingtième siècle. Revue d’histoire, numéro 42, avril-juin 1994, p. 77-95 (« C’est au point que Vichy éclipse quelque peu, du simple point de vue de la quantité discursive ou iconique, la Résistance qui attend toujours son Ophuls , son Paxton , son Rousso », p. 85).

94.

François Bédarida, « Images de la Résistance », in 1938-1948. Les années de tourmente. De Munich à Prague. Dictionnaire critique, Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), Paris, Flammarion, 1995, p. 967. La deuxième formule, très célèbre, est due au verbe du héraut de la saga gaullienne, Malraux, qui l’a prononcée lors de son discours de la « panthéonisation » de Jean Moulin, en décembre 1964.

95.

Même si l’historien, dans un de ses textes théoriques les plus aboutis, réfléchit à la notion de « représentations mentales » en ayant soin de préciser « qu’il ne s’agit pas ici de représentations mentales qui fondent et caractérisent les constructions de mémoire. Le phénomène étudié est celui qui se manifeste dans le présent de l’événement, au moment où ce dernier est vécu et perçu », il continue en rappelant qu’« il reste cependant que la mémoire collective va jouer dans la formation de cette perception ». Pierre Laborie, « Histoire politique et histoire des représentations », in Histoire politique et sciences sociales, chapitre 6, « Imaginaire social et identité nationale » (Partie III, « Mémoire, histoire et représentations »), p. 164. Sur notre sujet précis, lire sa contribution essentielle au colloque de Bruxelles, « Sur les représentations collectives de la Résistance dans la France de l’après-libération et sur l’usage de la mémoire », in Robert Frank et José Gotovitch (dir.), La Résistance et les Européens du Nord, Bruxelles, Centre d’Études et de Recherches Historiques de la Seconde Guerre mondiale/IHTP, volume 1, 1994, p. 419-423, ainsi qu’un article fondamental publié en 1994 : « Historiens sous surveillance », in Esprit, n° 198, janvier 1994, dossier « Que reste-t-il de la Résistance ? », p. 36-49 (et notamment les pages 45 à 49). L’article de Jean-Pierre Azéma et François Bédarida publié dans ce même numéro (« L’historisation de la Résistance », p. 19-35) est lui aussi très intéressant.

96.

Voir l’admirable contribution de Laurent Douzou au colloque de Caen, en mai 1995, « La constitution du mythe de la Résistance », in La France de 1945. Résistances. Retours. Renaissances, Caen, Presses Universitaires de Caen, 1996, p. 73-83. L’historien utilise le terme de « bluff » p. 76. « Entre 1940 et 1945, il y eut en Europe quelques dizaines de milliers d’hommes qui pratiquèrent l’art de la guerre devant la guerre massue, face à la guerre mafflue. Avec la ruse, l’astuce, le bluff , l’invention, l’imagination, la vivacité, la légèreté, et cette aisance sarcastique qui donnent aux chevau-légers une malice sans bagages et le mépris de sa propre vie », écrivait Claude Roy dans Nous , Paris, Gallimard, 1972 (p. 52 de l’édition de poche « Folio », 1980) ; souligné par nous. Lors de la dernière réunion du Conseil Scientifique du musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le 21 octobre 1999, cette remarque d’une ancienne résistante, Madame Giffard, « Ariel » dans la clandestinité, responsable locale de Combat : « La Résistance, c’était mystifier les autres, ceux d’en face. »

97.

Pierre Laborie, « Sur les représentations collectives de la Résistance... », art. cité, page 419.

98.

C’est ce qu’écrit Antoine Prost dans la contribution qu’il donne à l’ouvrage-manifeste dirigé par Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli : « [l’histoire culturelle] est le couronnement de l’investigation. Elle vient après les autres, parce qu’il est impossible de comprendre une représentation sans savoir de quoi elle est représentative sous peine de tomber dans le nominalisme » ; in Pour une histoire culturelle, Paris, Le Seuil, collection « L’Univers historique », 1997, p. 145 (souligné par nous).

99.

Sur les dangers qu’implique la dérive du « relativisme », voir les pages fortes qu’y consacrent Pierre Laborie et Henry Rousso ; in « Histoire politique... » (art. cité, p. 169) et « Pour une histoire de la mémoire collective... » (art. cité, p. 259).

100.

Pierre Laborie, ibidem. Lire aussi les très intéressantes pages que l’historien consacre aux écarts entre fidélité et vérité, in « Historiens sous haute surveillance », art. cité, p. 46 à 48 notamment.

101.

Roland Barthes, in Mythologies, op. cit., p. 230 et p. 217. (Voir la page 239 pour de plus amples développements sur ce que Barthes nomme la « déperdition de l’histoire »).

102.

« Les faits de cessent pas d’exister parce qu’on les ignore », écrivait Aldous Huxley.

103.

On pense évidemment là à la pseudo « affaire Aubrac », qui a fait s’opposer historiens, témoins et journalistes, mais aussi historiens entre eux. Voir le dossier publié par Libération et qui établit le compte rendu de la table ronde/confrontation organisée par le quotidien entre Raymond et Lucie Aubrac et les meilleurs spécialistes de la période, « Les Aubrac et les historiens. Le débat », 9 juillet 1997, 23 p.

104.

Pour le père des Annales, « philosopher » était en effet le pire pour l’historien. Dans le compte rendu qu’il donne en 1949 pour La Revue de métaphysique et de morale de l’ouvrage de Marc Bloch (Apologie pour le métier d’historien), co-inventeur plus tolérantde la révolution des Annales, il écrit : « On n’accusera pas son auteur de philosopher – ce qui, dans une bouche d’historien, signifie, ne nous y trompons pas, le crime capital » ; cité in Antoine Prost, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Le Seuil, collection « Points-Histoire », H-225, 1996, page 8. Quoi d’étonnant alors qu’il appelle à la rescousse l’ironie amère de Péguy lors de sa leçon inaugurale au Collège de France : « Les historiens font ordinairement de l’histoire sans méditer sur les limites et les conditions de l’histoire ; sans doute, ils ont raison ; il vaut mieux que chacun fasse son métier ; d’une façon générale, il vaut mieux qu’un historien commence par faire de l’histoire sans en chercher aussi long : autrement, il n’y aurait jamais rien de fait », in Combats pour l’histoire, Paris, Armand Colin, 1953 ; cité par Antoine Prost, ibidem.

105.

Nous sommes de ceux qui croient non seulement à la réalité de la fonction sociale de l’historien mais aussi à l’utilité de son rôle, quand celui-ci est bien compris. Voir à ce sujet le texte de François Bédarida, « La dialectique passé/présent... », in Ecrire l’histoire du Temps présent…, op. cit., et notamment la page 84 où il rappelle que « [...] la dialectique passé/présent fait de l’historien un intervenant privilégié dans l’espace social [...]. Sur ce point il a toujours existé une tension entre deux conceptions. L’une prône un savoir désintéressé, sorte d’histoire pour l’histoire , à la manière de l’art pour l’art [...]. L’autre conception accorde au contraire à l’histoire une fonction éminente dans la société et ses tenants sont convaincus qu’elle est non seulement utile, mais nécessaire à la collectivité ». Lire du même auteur son texte, « L’histoire entre science et mémoire ? » (in Sciences Humaines, n° 59, mars 1996, p. 10-13, publié suite à la conférence-débat du Carré SEITA/Sciences Humaines du 9 mai 1995, « L’historien entre science et mémoire », à laquelle participait également Dominique Borne) où il dit entre autre son malaise devant la fonction d’expertise qu’on lui demandait d’assumer lors du procès Touvier, en 1994.

106.

William Faulkner, in Lumière d’août, 1932.